Comment devenir archiviste
Le terme « archives » vient du grec « arkheion » qui désignait le lieu de résidence des magistrats. Aujourd'hui, l'archiviste veille sur la mémoire collective en assurant la conservation et la transmission de documents précieux, qu'il s'agisse de parchemins médiévaux ou de bases de données numériques.
Quel est le rôle d'un archiviste ?
L'archiviste assure la collecte, le tri, la conservation et la mise à disposition des archives. Qu'il manipule des actes notariés du XVIIIe siècle ou des enregistrements audiovisuels contemporains, il garantit que chaque document trouve sa place dans un système de classement cohérent et reste consultable sur le long terme. Certains archivistes exercent également sous l'appellation de documentaliste-archiviste ou de chargé de gestion documentaire.
Ses missions principales :
- collecter et acquérir les documents auprès des producteurs d'archives (administrations, entreprises, particuliers)
- trier et évaluer l'intérêt historique, juridique ou administratif des fonds reçus
- classer et organiser les documents selon des normes archivistiques précises
- restaurer et conditionner les archives fragiles pour éviter leur détérioration
- numériser les fonds afin d'en faciliter la consultation et d'assurer leur sauvegarde
- gérer les bases de données et les systèmes d'information documentaire
- accueillir et orienter les usagers dans leurs recherches (généalogie, études historiques)
- valoriser les collections par des expositions, conférences ou publications
Quelle formation pour devenir archiviste ?
Différentes formations conduisent au métier d'archiviste. L'insertion professionnelle peut débuter dès le niveau bac +3, mais les recruteurs privilégient souvent les candidats titulaires d'un master spécialisé, notamment pour les postes dans les archives publiques.
Bac +3 :
- BUT Information-Communication parcours métiers du livre et du patrimoine
- Licence professionnelle Métiers de l'information : archives, médiation et patrimoine
- Titre professionnel Gestionnaire de l'information numérique
Bac +5 :
- Master Histoire (avec spécialisation en archives ou patrimoine)
- Master Lettres ou sciences humaines avec orientation archivistique
- Master professionnel Métiers des archives
- Diplôme d'archiviste-paléographe de l'École nationale des chartes
Concours de la fonction publique :
- Concours d'assistant de conservation du patrimoine et des bibliothèques (catégorie B, accessible avec le baccalauréat)
- Concours de bibliothécaire (catégorie A, accessible avec une licence)
Aucun critère d'âge, de condition physique ou d'antécédent judiciaire n'est imposé pour accéder aux formations, bien que certains concours de la fonction publique puissent exiger un casier judiciaire vierge.
Les recruteurs recherchent avant tout des candidats qui ont déjà pratiqué le métier : orientez-vous vers une formation en alternance ou incluant des stages de plusieurs mois. Si le secteur public vous attire, ne tardez pas à préparer les concours dès votre dernière année de master.
Développer des compétences en archivage numérique ou en gestion électronique des documents représente un véritable plus, tant ces savoir-faire sont aujourd'hui sollicités. N'hésitez pas à participer aux journées d'études et aux rencontres de l'Association des archivistes français : vous y tisserez des contacts précieux et découvrirez les réalités du métier.
Quelles sont les qualités requises pour devenir archiviste ?
La maîtrise de ces compétences conditionne votre capacité à exercer le métier avec sérénité et professionnalisme.
Qualités humaines
La rigueur et le souci du détail occupent une place centrale dans votre travail : vous manipulez des documents parfois fragiles et devez veiller à ce qu'aucune information ne se perde lors du classement. Cette exigence de précision s'accompagne d'un sens aigu de l'organisation pour structurer des fonds volumineux et hétérogènes de manière cohérente.
La patience et la minutie vous guident aussi bien lorsque vous restaurez un parchemin abîmé que lorsque vous déchiffrez une écriture ancienne. Au-delà de ces qualités techniques, vos aptitudes relationnelles facilitent l'accueil des chercheurs et des usagers, parfois démunis face à la complexité des fonds. La discrétion et le respect de la confidentialité s'imposent d'ailleurs lorsque vous gérez des archives sensibles.
Enfin, votre curiosité intellectuelle et votre culture générale enrichissent votre compréhension des documents traités, qu'il s'agisse d'actes juridiques, de correspondances privées ou de photographies historiques.
Hard skills
Compétences techniques incontournables :
- maîtrise des normes de description archivistique (ISAD-G, EAD)
- maîtrise des outils numériques : utilisation de logiciels de gestion documentaire et de bases de données (GED, SIGB)
- connaissance des techniques de conservation préventive et de restauration
Compétences techniques complémentaires :
- notions de droit (droit d'auteur, législation sur les archives publiques)
- maîtrise des outils de numérisation et de traitement d'images
- compétences en paléographie pour déchiffrer les écritures anciennes
Quel est le salaire d'un archiviste ?
La rémunération et le type d’employeur sont les principaux facteurs susceptibles de faire varier la rémunération.
- En début de carrière, la fourchette s'établit entre 23 000 et 28 000 euros brut par an (1 525 à 1 856 euros net par mois).
- Après cinq années d'exercice, la rémunération évolue vers une fourchette de 28 000 à 33 000 euros brut par an (1 856 à 2 188 euros net par mois).
Dans le secteur public, la grille indiciaire de la fonction publique territoriale ou d'État encadre strictement les salaires. Un archiviste débutant commence souvent au niveau du SMIC puis progresse par échelons au fil des années.
Dans le secteur privé, les rémunérations peuvent être plus attractives, notamment dans les grandes entreprises ou les groupes internationaux où l'archiviste intervient sur des problématiques complexes de gestion documentaire et de conformité réglementaire.
La localisation géographique joue également : travailler à Paris ou dans une métropole régionale offre généralement des salaires supérieurs à ceux pratiqués en zone rurale, bien que le coût de la vie vienne nuancer cet avantage.
Les perspectives d'évolution pour votre carrière
Le métier d'archiviste propose plusieurs axes de progression qui se construisent avec l'expérience acquise et la diversification des compétences :
- Passer le concours de conservateur du patrimoine (catégorie A+) pour prendre la direction d'un service d'archives départemental ou régional
- Se spécialiser dans l'archivage électronique et devenir consultant en gestion documentaire auprès de grandes entreprises
- Évoluer vers un poste de responsable de service d'archives au sein d'une collectivité territoriale ou d'une administration
- Se tourner vers le métier de bibliothécaire en valorisant votre expertise dans la gestion de l'information
- Exercer en tant qu'archiviste indépendant pour accompagner les PME et associations dans l'organisation de leurs fonds documentaires
- Transmettre votre savoir-faire en devenant formateur auprès d'organismes spécialisés ou d'écoles du patrimoine
Votre futur environnement de travail
Dans les archives départementales ou municipales, l'atmosphère rappelle celle d'une bibliothèque : calme, température contrôlée, lumière tamisée pour protéger les documents. Le silence accompagne les longues heures passées à classer, cataloguer ou numériser des fonds.
Mais ce calme apparent cache une réalité physique : déplacer des cartons de plusieurs kilos, monter sur des escabeaux pour atteindre les rayonnages hauts, conditionner des registres volumineux. Il faut ajouter à cela l'accueil des usagers qui rythme les journées : un généalogiste cherche la trace de son arrière-grand-père, un étudiant prépare son mémoire, un notaire vérifie un acte ancien.
Dans le secteur privé, l'ambiance diffère : bureaux partagés, réunions avec les services juridiques ou les ressources humaines, projets de dématérialisation à mener tambour battant. Côté horaires, la régularité domine dans ce métier, avec peu de dépassements, sauf lors des inventaires ou des préparations d'exposition.
Avantages et inconvénients
Le métier d'archiviste séduit par son lien permanent avec l'Histoire et la mémoire collective, mais certains aspects du quotidien professionnel méritent d’être connus avant de s’engager.
Avantages
- Contact permanent avec l'Histoire et le patrimoine : Vous manipulez des documents uniques qui racontent l'évolution d'une société, d'une institution ou d'une famille. Cette dimension culturelle et intellectuelle nourrit votre curiosité et donne du sens à votre travail.
- Métier polyvalent : Vous alternez entre des tâches de conservation physique, de gestion informatique, d'accueil du public et de valorisation culturelle. Cette diversité rend les journées stimulantes et peu routinières.
- Stabilité dans la fonction publique : Les archivistes du secteur public bénéficient de la sécurité de l'emploi, d'une progression de carrière encadrée et d'avantages sociaux (retraite, mutuelle, congés).
- Participation à des projets culturels : Vous contribuez à l'organisation d'expositions, à la publication d'ouvrages ou à la mise en ligne de fonds numérisés, ce qui valorise votre expertise auprès d'un large public.
Inconvénients
- Recrutement limité et concurrence : Les postes se raréfient, notamment dans le secteur public où les concours attirent de nombreux candidats pour peu de places ouvertes. L'insertion professionnelle demande persévérance et flexibilité géographique.
- Salaire de départ limité : La rémunération reste proche du SMIC en début de carrière. Il faut souvent attendre plusieurs années pour atteindre une rémunération plus confortable.
- Tâches répétitives et physiques : Le classement de gros volumes d'archives, le conditionnement de documents ou le déplacement de cartons peuvent se révéler fastidieux et éprouvants physiquement, en particulier lors de campagnes de tri ou de récolement.
Quelle formation continue pour un archiviste déjà en exercice ?
Le secteur des archives évolue rapidement, notamment avec la transition numérique et les nouvelles réglementations sur la protection des données. La formation continue vous aide à maintenir vos compétences à jour et à vous adapter aux transformations du métier.
Plusieurs parcours de formation continue s'offrent à vous. Les certifications spécialisées en archivage électronique et en records management (gestion des documents d'activité) répondent aux besoins des entreprises soucieuses de conformité RGPD.
Des formations courtes sur les outils de numérisation, la gestion des formats numériques pérennes ou les logiciels de GED (Gestion Électronique de Documents) complètent utilement votre profil. Vous pouvez également suivre des modules de perfectionnement en paléographie pour améliorer votre capacité à lire les écritures anciennes, ou vous former aux nouvelles normes de description archivistique (RiC, Records in Contexts).
Le Compte personnel de Formation (CPF) finance tout ou partie de ces formations, et les employeurs publics proposent souvent des plans de formation interne. Si vous travaillez dans la fonction publique, vous bénéficiez de droits à la formation professionnelle continue via le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale) qui organise régulièrement des stages thématiques. Dans le secteur privé, les Opérateurs de Compétences (OPCO) peuvent prendre en charge vos frais de formation.
L'Association des archivistes français organise des journées d'étude, des colloques et des ateliers qui constituent autant d'occasions de se former tout en élargissant son réseau professionnel. La veille technologique et réglementaire fait partie intégrante de votre développement professionnel : abonnez-vous aux revues spécialisées, participez aux webinaires et restez attentif aux évolutions législatives qui impactent la conservation et la communication des archives.
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