Le bilan de compétences va-t-il survivre à la réforme ?

Votée en février 2014, la loi sur la réforme de la formation professionnelle prévoit au 1er janvier 2015 l'instauration d'un Compte Personnel de Formation (CPF) en lieu et place du DIF, et d'un Conseil en Evolution Professionnelle (CEP) tout au long de la carrière. Mais le bilan de compétences, très utilisé des salariés dans le cadre du DIF actuel, y survivra-t-il ? L'analyse d'Emeric Lebreton, Directeur d'Orient'Action, centre de bilan de compétences spécialiste de l'évolution professionnelle.
Qui va assurer le nouveau Conseil en Evolution Professionnelle ?
Il faudra attendre la fin des négociations et la parution des derniers décrets pour savoir réellement comment le Bilan de Compétences s'articulera autour du Conseil en Evolution Professionnelle. Sera-t-il intégré au CEP ? Remplacé par ce dernier ? Sera-t-il confié aux organismes spécialistes du Bilan de Compétences en plus des instances désignées ? Autant de questions sans réponse concrète. A priori, confier la charge du CEP aux seuls organismes publics qui croulent déjà sous les dossiers paraît quelque peu surréaliste.
"La logique voudrait que les spécialistes du bilan de compétences récupèrent le fameux Conseil en Evolution Professionnelle (CEP) instauré par la réforme (gratuit et réalisé en dehors de l'entreprise). Seulement, des opérateurs ont déjà été désignés pour prendre en charge le CEP : l'Apec, ainsi que les opérateurs régionaux désignés (les Opacif, Pôle Emploi, Cap Emploi, les Missions locales, et les Fongecif)" analyse Emeric Lebreton, Directeur Général d'Orient'Action, organisme spécialiste du bilan de compétences et du conseil en évolution professionnelle.
Des conséquences lourdes pour les centres
Une chose est sûre, le bilan de compétences ne figure pas dans les premières listes de formations éligibles au CPF. Si le bilan de compétences ne figure pas non plus parmi les formations inscrites dans le socle de compétences et de connaissances (à paraître prochainement dans un décret), le contrecoup pour ce type de prestataires risque d'être énorme.
"Pour vous donner une idée, chez Orient'Action, 50% des bilans de compétences sont financés dans le cadre du DIF pour les salariés. Si l'on considère qu'une partie de notre activité sera reportée sur les demandeurs d'emploi, nous risquons tout de même de la voir réduire de 30%", selon Emeric Lebreton. Le centre n'a donc pas attendu pour réorienter ses prestations.
"Faire un bilan de compétences risque de ne plus être aussi facile"
"Aujourd'hui, en l'état actuel des textes, faire un bilan de compétences ne sera plus aussi facile pour les salariés" analyse Emeric Lebreton. "Les possibilités seront réduites, car les bilans seront financés par les OPACIF (financeur du CIF), il y aura donc moins de possibilité avec des contraintes administratives plus lourdes, à moins que l'employeur n'accepte de le financer pour son salarié. Les salariés qui veulent faire un bilan doivent donc se dépêcher et faire leur demande via le DIF avant le 1er janvier 2015".
A noter que les choses ont évolué depuis cet interview, et le bilan de compétence est éligible au CPF depuis le 1er janvier 2017 !
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