Reconversion : de l’import-export au coaching sportif, le témoignage de Violaine

Lorsque l’on parle de reconversion professionnelle, il est très souvent question de passion, de sens et d’épanouissement : Violaine nous présente son parcours sous ces différents aspects, en nous expliquant comment elle s’est recentrée sur le Pilates, son activité sportive de prédilection.
Quel est ton parcours de formation initiale ?
Alors j'ai un parcours assez généraliste, classique : j'étais plutôt bonne à l'école, j'ai fait un bac général puis je suis allée en fac de langues étrangères appliquées, un domaine qui me plaisait. J'ai finalement fait 6 mois avant d’arrêter la fac, car le format scolaire ne me correspondait pas du tout. J’ai décidé de partir à l’étranger, où j'ai été fille au pair en Angleterre pour terminer mon année scolaire.
J’ai ensuite embrayé sur un BTS puis une licence professionnelle dans l'import-export, suivis d’un master dans le même secteur. Mais ça restait un cursus très généraliste, l’idée pour moi c’était de faire du commerce international et de pratiquer l’anglais et l’espagnol. Les langues étrangères ça restait un truc qui m’attirait, mais je ne savais pas encore précisément ce que je voulais faire.
En quoi consistait ton ancien métier dans l'import-export ?
L’import-export, c’est un secteur d'activité très large. Je me suis orientée par rapport à ma formation en Master et à ce que j’avais fait en alternance, donc dans mon cas c’était plutôt de la logistique et de la gestion. Dans ce secteur du commerce international, où on retrouve pas mal de droit, d’administratif et de gestion documentaire, j’étais davantage sur un poste opérationnel. Je n’étais pas sur du business à proprement parler, j’intervenais davantage sur les étapes suivantes : si par exemple il y avait une vente de marchandises ou de services entre deux sociétés, moi je gérais la suite.
J’ai donc fait ça pendant 5 ans, en travaillant d’abord sur Paris. Puis je me suis lassée de la région parisienne et je suis revenue en Bretagne, où cette idée de reconversion est ensuite arrivée. Cela me trottait dans la tête depuis un moment, et ces quelques années de travail m’ont amené à me poser de nouvelles questions et à faire le point sur mes envies d’autres choses au niveau professionnel.
Qu’est-ce qui t’as motivé à changer de voie ?
C'était évident pour moi que je ne faisais pas un métier qui me passionnait, qui me faisait vibrer. Disons qu’il m’apportait la sécurité nécessaire : j’étais salariée, j'avais un revenu qui me permettait de vivre très correctement et cela me convenait pour le quotidien, je ne cherchais pas plus loin à ce moment.
Le déclencheur, ce qui m’a fait remettre progressivement ma situation en cause, c’est que je changeais souvent de boîte : je restais toujours dans le même secteur d’activité, mais en fait je sentais que j’en avais marre. Donc je cherchais des opportunités dans d’autres boîtes, mais au final le cercle vicieux revenait tout le temps, c’est-à-dire que je faisais un an ou deux à un endroit et je me lassais, puisque c’est en fait le travail en lui-même qui ne me convenait pas.
Avec le recul, je ne trouvais plus de sens à ce que je faisais. Mon travail était répétitif, j’étais sur des choses très opérationnelles, et je n’avais pas de vision de ce qui se passait autour de moi. L'import-export a une dimension hyper internationale, on gère des choses à l'autre bout du monde, et on ne voit jamais les gens ni la marchandise, c'est très virtuel au final. J’avais besoin de revenir à quelque chose où je peux échanger quotidiennement avec les gens. Aujourd’hui avec les gens que j’accompagne, on parle de tout et de rien, on parle d'eux, on est dans l'instant présent et c'est beaucoup plus concret.
Pourquoi avoir choisi le domaine du coaching ?
Ce choix est venu progressivement, car même si j'ai toujours été sportive, je ne me suis jamais dit que je pouvais en faire un métier. Dans mon inconscient, et sans doute dans ce qu'on m'a transmis dans mon éducation, le sport c'était un loisir, pas un métier. Donc je ne l’avais absolument pas envisagé avant que ça se présente à moi, suite à mes expériences dans l'import-export.
Même si j'étais très sportive, ça restait donc encore un loisir dans ma tête et je ne connaissais pas du tout le métier de coach sportif. Je ne savais pas comment on y accédait, pour moi il fallait faire STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives), mais je ne me voyais pas reprendre des années d'études donc je ne l'ai pas envisagé à ce moment-là.
C’est en creusant un peu plus le sujet que j'ai commencé à envisager des métiers de praticien thérapeute, pas forcément kiné où ostéopathe mais quelque chose qui s'en rapproche, qui reste aussi lié à la pratique sportive. Toutes ces réflexions m’ont finalement menée à mon activité actuelle. Petit à petit, en me renseignant, je me suis rapproché d'une école à Rennes où j’ai rencontré des personnes qui travaillaient dans ce métier. J'ai échangé avec des intervenants de l'école, puis avec des gens que je connaissais qui était dans le milieu. Et au final je me suis convaincue que c’était possible, que ça me correspondait : alors go, on fonce !
Quel a été ton parcours de formation continue ?
Avant tout, il faut savoir que dans la dernière entreprise où j'étais, après tout ce travail de réflexion et une fois certaine que je voulais partir, j'ai négocié une rupture conventionnelle. J'ai donc pu bénéficier des droits au chômage, ce qui m’a permis de prendre un temps de réflexion pour regarder toutes les possibilités de me former et d'envisager la suite.
J'ai donc repris une formation et je suis partie sur un BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et du Sport). C’est une formation avec des tests d'entrée physiques, qui se déroule sur 10 mois donc c'était express, assez intense et condensé. Ici, c'était un parcours spécifique pour les gens en reconversion professionnelle, j'étais avec des personnes qui avaient le même genre de parcours que moi. On était en alternance, moitié à l'école, moitié en entreprise, donc dans une salle de fitness pour moi.
Suite à mon diplôme j’ai obtenu ma carte professionnelle, valable 5 ans et qui nous permet d’exercer légalement ce métier avec des prestations rémunérées. Je ne me voyais pas forcément être salariée dans une salle de fitness, je voulais enseigner uniquement le Pilates et ce n’était pas faisable à Rennes. Il n’y avait pas de studio de Pilates qui embauche à temps plein en salariat, donc je me suis lancée directement à mon compte, en tant qu’auto-entrepreneuse.
J'ai enchaîné sur des formations spécifiques au Pilates pour compléter ce BPJEPS qui était plutôt généraliste. J’ai suivi plusieurs formations spécifiquement sur le Pilates, qui là pouvaient durer de 2 semaines à un mois, sur le même principe que les formations que l’on peut trouver par exemple sur Photoshop en 30 ou 40 heures. Une fois ces étapes terminées, j’étais fin prête et j’avais la possibilité de travailler !
Quelles difficultés as-tu rencontrées pendant ta reconversion ?
Avant de m’orienter vers une reconversion, je me suis retrouvé dans un brouillard pendant plusieurs mois, ou je ne comprenais pas trop ce qui m'arrivait professionnellement parlant. J'ai cherché un peu d'aide, parce que je sentais que je n'étais pas bien au travail. Je n’ai pas fait de bilan de compétences mais j'ai vu un professionnel de santé, qui m'a aidé à éclaircir les choses.
J’ai compris que ce qui n'allait pas, c'est juste que je n'étais pas à ma place dans le monde professionnel. Cette personne m'a aidé à prendre conscience de ça, et m’a permis de comprendre que c'était OK de s'être trompé de voie et de recommencer à zéro. En faisant ce travail sur moi-même, il en est ressorti que j’étais clairement attirée par les métiers liés au bien-être, proches des gens, plus dans l'humain et dans l'échange. Ça m'a vraiment aidé à pouvoir prendre des décisions par rapport à ça, à avancer comme je le voulais.
Quelles sont tes principales satisfactions dans ton métier actuel ?
Je pense que c'est surtout d'avoir des retours de personnes que j'ai en cours de Pilates, ou que je vois en coaching individuel : c'est vraiment ça qui me booste et qui me porte aujourd'hui. C'est un métier physique et parfois fatiguant, mais quel plaisir d'avoir des retours de personnes qui me disent que mes cours leur font du bien, qu’ils se sentent mieux après, que ça améliore leur quotidien, ça leur permet de décompresser, de libérer des tensions dans le corps, de sentir qu'ils ont une meilleure posture… Ça leur fait du bien physiquement, mais aussi mentalement. Moi, c'est vraiment ça qui qui m'anime dans ce métier !
Le milieu du coaching sportif c’est un petit monde, où je discute et j’échange beaucoup sur ce que je fais. J’ai souvent l’occasion de partager ce qui se fait au niveau de l’organisation des cours, de la gestion du planning, et aussi de tout ce qui touche à l’auto-entreprise, parce qu’il faut en fin du mois faire sa comptabilité, déclarer ses charges à l’URSSAF. Et pour construire mon offre à proprement parler, c’est une chance de pouvoir facilement me renseigner avec d’autres professionnels et bien sûr avec les personnes que je coache, pour connaître leurs envies et leurs ressentis.
C'est un métier très humain, qui repose beaucoup sur une dimension psychologique, sur la pédagogie et la transmission. Et contrairement à quelqu'un qui aurait 20 ans et qui arriverait dans ce métier, moi je suis arrivée avec un passif professionnel qui m'a permis d'avoir assez facilement le contact avec les gens, de pouvoir discuter et échanger avec eux plus naturellement. Le fait d'avoir travaillé pendant 5 ans dans plusieurs entreprises, d'avoir rencontré plein de gens différents, forcément, ce sont des expériences qui me servent aujourd’hui dans mon métier. Avec ma formation BPJEPS, j’ai ensuite appris à donner un cours collectif, à encadrer un groupe, et ce sont toutes ces choses au final qui m’ont permis de réussir ma reconversion.
As-tu des projets d’évolutions, quel futur envisages-tu pour ta carrière ?
J'ai envisagé pendant un moment d'ouvrir une salle. Finalement, je suis un peu revenue sur cette décision pour l'instant, parce que j'aime bien la liberté que m'offre mon statut et le fait de pouvoir travailler comme j'en ai envie. Avoir ma propre salle, ça reviendrait à avoir une petite entreprise avec un pas de porte, donc des obligations en termes de planning horaire, de gestion, c'est aussi beaucoup plus de stress, de contraintes financières, organisationnelles, etc. Aujourd'hui, je me vois bien vivre professionnellement comme je suis pendant encore quelques années.
J'ai encore un peu de mal à me projeter sur le long terme, ce domaine reste un milieu très évolutif où les choses bougent très vite. Si ça se trouve dans 10 ans, je ferai toujours ce métier et je serai toujours dans l'activité physique, mais sous une forme complètement différente parce que les tendances auront changé, ou parce que la façon de faire le métier aura changé.
Donc aujourd'hui, j'aimerais bien par exemple développer mon activité via les réseaux sociaux, et pouvoir proposer une offre en ligne et des cours en visio. Après c’est aussi très important pour moi de garder le lien avec les gens en physique, et sur le long terme.
D’avoir réussi à me reconvertir c’est quelque chose qui me porte aussi, et on verra ce que la vie me réserve et les opportunités qui se présentent à moi. Mais devoir m’adapter, ça ne me fait plus peur !
Quels conseils donnerais-tu aux personnes qui souhaitent se reconvertir dans le coaching sportif ?
Je dirais qu’il faut d’abord bien anticiper le coût financier d'une reconversion. Ça aurait pu être un gros frein pour moi, si je n’avais pas pu négocier une rupture conventionnelle. Il faut prendre en compte l’éventualité de ne plus avoir de revenus pendant un certain temps. Il faut savoir sur combien de temps on va se former, donc pendant combien de temps financièrement ça risque d’être un peu plus compliqué.
Il faut aller chercher les aides auxquelles on a le droit dans le cas d’une reconversion : moi, j'ai demandé à la région Bretagne et j'ai bénéficié d'une petite aide pour faire financer ma formation, qui était très chère. J'avais la chance d'avoir des économies en parallèle.
C’est aussi important d'en parler autour de soi, d'échanger avec son entourage mais aussi avec des gens du métier, dans le secteur d'activité vers lequel on voudrait se tourner. Ça permet d’avoir différents conseils et de prendre du recul, parce qu’il y a des proches qui ne vont pas forcément comprendre votre projet, ou qui vont s'inquiéter. L'idée c’est vraiment de s'imprégner le plus possible du secteur d'activité, du métier précis, en allant vers des gens qui peuvent apporter leur expérience.
Je trouve aussi que c'est important d'accepter qu'il va y avoir une petite phase un peu brouillon, un peu « brouillard », où l’on ne va pas trop savoir dans quelle direction aller. Il peut se passer des mois avant qu’on se dise OK, c'est cette formation que je veux faire ou c'est ce métier que je vise. Il faut prendre en compte que ce n’est jamais une ligne droite, et on va passer par plein d'étapes un peu compliquées avant de se trouver vraiment. Il y aura ce petit passage plein d'interrogations et de remises en question : je pense que c'est normal, dans tous les parcours de reconversion on passe par là.
Pour quelqu'un qui voudrait se lancer par exemple dans le métier de coach sportif, ou dans les métiers du bien-être, il faut aussi savoir qu’on ne peut pas travailler sur la durée sur un métier comme ça sans prendre soin de sa santé physique et de son corps. Et ça, je n'en avais pas conscience au début, mais des fois on peut en payer les conséquences. Quand on se réoriente vers un métier physique, il faut vraiment prendre soin de sa santé, se faire suivre par des professionnels, penser à aller chez le médecin régulièrement, chez un ostéo, etc. Bien manger, bien dormir, c'est aussi important pour tenir.
Je sais maintenant que si je ne fais pas assez attention à mon rythme, mon corps ne me permettra plus de faire ce métier dans 10 ans, donc il faut que j'apprenne à en prendre soin. Avec un métier passion, on apprend aussi à se préserver sur tous les plans !