Reconversion : des ressources humaines à la sophrologie, le témoignage d'Alison

Alison, 34 ans, mariée et mère de deux enfants est sophrologue, praticienne EFT (technique de libération des émotions) et anime également des ateliers de massage bébé sur Gévezé, Rennes et aux alentours. À l'image de la reconversion, la sophrologie repose sur une prise de conscience et un processus de changement. Avant de se consacrer au bien-être de ses clients, Alison a d'abord entrepris un travail sur elle-même pour trouver son propre équilibre et redessiner son avenir professionnel. Retour sur son parcours de reconversion, ses motivations profondes et les défis qu'elle a dû surmonter.
Quel est votre parcours de formation initiale ?
J'ai suivi une préparation au concours d'infirmier après mon bac. Durant cette période, j'ai travaillé comme auxiliaire de vie. C'est en côtoyant des personnes qui étaient malades, surtout physiquement, que j'ai réalisé que ce métier n'était pas fait pour moi, car j'étais trop sensible pour voir les gens souffrir.
Je me suis donc réorientée vers mon premier choix qui était les ressources humaines. Ayant obtenu un bac STG avec option RH, cela correspondait parfaitement avec mon cursus. Je me suis formée en intégrant un BTS assistant de manager avant de poursuivre par une licence en ressources humaines en alternance. Une fois diplômée, j'ai été embauchée par l'entreprise où j'avais effectué mon alternance, travaillant principalement sur les volets formation et recrutement.
J'ai travaillé pendant plusieurs années dans cette entreprise, mais malgré l'énergie que je déployais dans ce poste, je n'ai pas obtenu d'évolution salariale ou d'évolution liée à ma fonction. Je voyais bien que j'avais fait le tour et que ça devenait énormément pesant. Donc, j'ai fait le choix de démissionner. Et puis, je me suis rendue compte à la suite de cette expérience, que j'étais en train de vivre un burn-out.
Comment vous en êtes-vous rendue compte ?
Je me sentais très fatiguée, à fleur de peau... mais je n'avais peut-être pas encore mis les mots sur ce que je vivais. C'est quand j'ai vu le médecin que j'ai décidé de me faire accompagner. Je me suis rendue compte que c'était bien un burn-out et ça a enclenché aussi une dépression, mais je me suis arrêtée très peu de temps : quinze jours, l'erreur à ne pas faire ! Comme m'a dit une personne, on ne s'arrête pas quinze jours pour une entorse, et bien, pour un burn-out et une dépression, c'est pareil.
Suite à cela, j'ai recherché du travail et j'ai exercé dans différentes entreprises, notamment dans l'immobilier. J'ai également été chargée de recrutement au sein d'une agence d'intérim. J'ai fait la rencontre de belles personnes et d'autres, plus malveillantes. J'ai même été harcelée verbalement. J'ai donc de nouveau démissionné d'une entreprise car je n'allais pas refaire la même erreur : ma santé mentale était plus importante !
C'est une période dont je parle maintenant avec détachement, mais qui a été très difficile, car quand on démissionne à plusieurs reprises, on finit par perdre confiance en soi, se dire que c'est nous le problème, qu'on en demande trop, qu'on est trop exigeante, etc. Mais finalement non ! C'est souvent en traversant des épreuves difficiles et en rencontrant des obstacles que l'on peut vraiment grandir et renforcer sa résilience.
Ces expériences, même si elles ont été dures à vivre, m'ont appris énormément ; elles m'ont mené vers une meilleure compréhension de moi et des autres. Et peut-être que ces rencontres, pas toujours bienveillantes, m'ont permis de développer une force intérieure et une détermination, qui m'a servi pour mon projet de reconversion et qui me sert encore aujourd'hui.
Comment ce choix s'est-il opéré pour la sophrologie ?
J'avais déjà envisagé de me reconvertir dans la sophrologie après avoir été accompagnée par plusieurs thérapeutes et professionnels de santé comme une hypnothérapeute, une réflexologue plantaire, ou une praticienne EFT. Je pratiquais beaucoup la méditation le soir avant de me coucher car j'avais des problèmes d'endormissement. Ce projet me trottait dans la tête, mais pas assez pour sauter le pas...
Lors de ma dernière fonction, en tant que responsable d'une agence de service à la personne, une opportunité que je rêvais d'obtenir depuis longtemps, tout a basculé. J'ai été confronté à un dirigeant que l'on pourrait qualifier de tyrannique. C'est simple : je ne voulais plus aller au travail ! J'ai compris qu'il était temps d'agir. Je me suis dit qu'il fallait mieux tenter ma chance pour ne pas avoir de regrets. J'ai donc démissionné, même si cela représentait un risque. J'avais proposé une rupture conventionnelle, mais elle a été refusée.
J'avais le choix : c'était soit aller au travail à reculons, en espérant une rupture conventionnelle que je n'aurais peut-être jamais, ou soit démissionner, tant pour ma santé que pour mon bien-être. Après ma démission, j'ai pris la décision de m'inscrire à une formation en sophrologie. Bizarrement, ce fut l'étape la plus dure : cela marquait le début d'une nouvelle page, une étape vers un avenir plus aligné et épanouissant.
Sur quels critères avez-vous choisi votre formation ?
J'ai effectué de nombreuses recherches sur différents organismes de formation et écoles. L'un des mes critères principaux était la proximité géographique. Je n'avais pas envie d'aller dans le sud de la France ou même à deux heures de route, car avec une vie de famille, je ne me voyais pas m'absenter longtemps ou découcher, sans compter que cela représente aussi un coût.
Un autre critère essentiel à mes yeux était que la formation délivre une certification enregistrée au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles), donc reconnue par l'Etat. C'est d'autant plus important que la profession n'est actuellement pas réglementée, en théorie, "n'importe qui" pourrait devenir sophrologue du jour au lendemain. Pour des raisons de légitimité et de crédibilité auprès des personnes que j'accompagne, il était donc crucial que cette formation bénéficie de cette reconnaissance.
Comment avez vous financé votre formation ?
Avec mon CPF (Compte personnel de Formation) ! Ayant travaillé pendant un certain temps, j'avais cumulé un montant d'environ 3000 euros, si je me souviens bien. J'ai donc utilisé pour la première fois l'intégralité de mon CPF pour cette formation. Je me suis également formé aux trois niveaux de l'EFT (technicien, praticien, maître praticien) et au massage bébé, cette fois-ci avec mes fonds personnels.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées durant cette transition ?
Tout s'est plutôt bien enchaîné. Après ma démission, j'ai cherché un emploi à temps partiel pour pouvoir le concilier avec ma formation, qui n'était pas à temps plein. J'ai trouvé des entreprises en temps partiel pour pouvoir travailler à côté. Finalement, démissionner n'a pas été un problème, il faut parfois être prêt à prendre des risques !
Concernant l'aspect financier, ce n'est jamais évident. Par exemple, pour la création de mon site Internet, j'aurais bien aimé faire appel à un professionnel, mais c'est un budget, donc je l'ai fait moi-même. Il y a beaucoup de choses que j'ai réalisées par mes propres moyens, mais quand c'est possible, se faire accompagner, c'est primordial.
Comment s'organise votre activité de thérapeute ?
Je travaille à temps partiel dans un cabinet comptable en tant que salariée, tout en développant mon activité en parallèle. Il faut savoir être multitâche ! Je me renseigne beaucoup, que ce soit auprès d'autres professionnels de santé, par des livres, des podcasts ou des webinaires.
Cela prend du temps d'étoffer ses connaissances, mais c'est important pour répondre au mieux aux besoins des personnes que j'accompagne et pour gérer les différents aspects de mon activité, que ce soit le marketing, le référencement, ou la prospection et la communication.
Il y a énormément de choses à gérer, donc il faut être très organisé et éviter de procrastiner. Tant qu'on peut faire une tâche tout de suite, il faut s'y atteler. Cela demande quelques sacrifices. J'essaye d'être présente pour ma famille autant que possible, mais je travaille souvent le soir, quand les enfants sont couchés. Je propose aussi des ateliers le mercredi après-midi ou le samedi matin. Donc, c'est sûr, cela demande un réel investissement personnel, mais j'ai la chance d'être bien entourée, notamment par mon mari qui m'aide beaucoup. Je sais aussi l'importance de prendre soin de soi et de s'écouter. Je travaille beaucoup mais quand je sens que je tire trop sur la corde, je sais aussi ralentir et prendre du temps pour moi.
Quelles compétences développées au cours de votre expérience en ressources humaines vous sont aujourd'hui utiles dans votre activité ?
Tout ce qui concerne l'aspect humain m'est familier, car c'est évidemment primordial dans ce domaine. J'ai longtemps animé des formations auprès de nouveaux entrants sur un logiciel. Donc déjà, le fait d'être à l'aise à l'oral (ce qui n'a pas toujours été le cas), ça m'aide énormément lors des séances et des ateliers par exemple. Le fait d'être rigoureuse, ça m'aide beaucoup aussi au quotidien dans la gestion de mon emploi du temps. Enfin, j'ai beaucoup utilisé le Pack Office dans mes différentes expériences, que ce soit Excel ou Word, et cette maîtrise des outils informatiques et des réseaux sociaux m'est très utile aujourd'hui.
Quelles sont vos sources de satisfaction en tant que thérapeute ?
Il y en a tellement. Le fait d'échanger avec d'autres professionnels de santé, d'accompagner chaque personne dans sa problématique ou dans son évolution personnelle est très gratifiant. C'est vraiment le fait de savoir que les services que je propose apportent vraiment une satisfaction, un bien-être et qu'il y ait des résultats concrets pour les personnes. Le fait aussi de proposer des outils qui peuvent être adaptés et réutilisés à la maison. Cela rend les personnes autonomes et responsables de leur bien-être. Quand ces personnes me font un retour positif, pour moi, c'est vraiment le meilleur cadeau. Et je sais pourquoi je fais ce métier.
Avez-vous des projets d'évolution par la suite ?
Mon objectif actuel est de développer les ateliers pour les rendre plus accessibles aux familles qui n'ont pas forcément les moyens de bénéficier d'un accompagnement individuel. J'ai aussi envie de créer un programme personnalisé pour les personnes qui sont hypersensibles et qui le vivent mal. Je suis moi-même hypersensible, donc je sais que ce n'est pas toujours évident à gérer au quotidien. Je souhaite également accompagner les personnes qui traversent un burn-out et une dépression. J'ai vraiment envie de les aider à surmonter cette phase avec les services que je propose déjà, mais également des outils de bien-être et de développement personnel que j'ai pu acquérir à titre personnel ou lors de mes recherches et formations. Et pourquoi pas devenir formatrice aussi !
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaiteraient se reconvertir en tant que thérapeute dans le bien-être ?
D'une manière générale, même si c'est plus facile à dire qu'à faire, je conseille vraiment de se lancer, même si ça peut faire peur. Il ne faut pas que cette peur vous empêche de faire les choses, car peut-être dans 10, 20, ou 30 ans, vous regretterez de ne pas avoir sauté le pas. Oui, cela peut être effrayant, d'autant plus qu'on est sur des métiers très concurrentiels.
Cela demandera beaucoup de travail, mais s'il s'agit d'un métier qui vous fait vibrer, foncez et surtout formez-vous ! C'est essentiel pour que les personnes qui souhaitent se faire accompagner puissent avoir confiance, et cela renforce aussi la crédibilité des médecines douces et des thérapies brèves.
Et le dernier conseil que je puisse donner, c'est de vous écouter avant tout et de suivre votre intuition. Personne d'autre que vous ne peut savoir ce qui est juste pour vous. Faire confiance à cette petite voix intérieure, c'est souvent trouver le chemin qui nous correspond vraiment, au-delà des avis et des doutes extérieurs.