Reconversion : d’assistante de direction à gérante d’un institut de beauté, le témoignage d’Elodie

Toujours proche des gens et aimant conseiller les clients, Elodie a démarré comme commerciale. Puis elle a secondé des responsables d’entreprise en tant qu’assistante de direction, avant de se consacrer à une activité où elle révèle aujourd’hui tous ses talents. Focus sur un parcours de vie plein de sens et d’inspiration !
Quel est ton parcours de formation initiale ?
J’ai commencé en m'orientant vers des études de commerce. J’ai passé un CAP et un bac pro commerce, puis j’ai travaillé dans la vente de vêtements pour hommes. J’aimais beaucoup cette activité, j’ai toujours adoré le côte commercial. Ma mère était dans ce milieu, mon père était entrepreneur, il y a clairement une fibre commerciale en moi.
Mais ce milieu, même s’il me plaisait, n’était pas en adéquation avec la vie de famille que je voulais créer : je travaillais les jours fériés, je finissais tard le soir, il y avait aussi beaucoup de contraintes physiques. De mon côté, la compatibilité avec la vie de famille était une vraie question. C’est donc au moment de me marier que j’ai changé de voie, et j’ai entamé une première reconversion en repartant vers des études en BTS assistante de gestion PME-PMI.
J’ai donc entamé ma formation en alternance, dans une société d’informatique à Rennes où je suis finalement restée 16 ans. Pour moi qui détestais les études et qui ai dû quand même reprendre un BTS, la vraie motivation a été l’opportunité de pouvoir rentrer dans cette entreprise grâce à l’alternance. Sans ça, je ne l’aurais pas fait ! Au bout d’1 an ils m’ont proposé d’arrêter le BTS afin de m’embaucher en CDI, car les responsables me jugeaient compétente sur ce poste où il y avait un besoin de recrutement immédiat.
C’est comme ça que j’ai passé une quinzaine d’années dans cette entreprise, où j’ai beaucoup appris. J’ai gravi progressivement les échelons, avec d’abord un poste d’assistante commerciale, pour arriver finalement au poste d’assistante de direction. J’avais alors un large périmètre à gérer sur la région Grand Ouest, c'était hyper intéressant !
Quelles compétences as-tu développé au cours de ces premières expériences ?
Je retiens beaucoup de choses de tout ce parcours, avec notamment le suivi des budgets, j’ai géré les facturations, la relation clients, etc. J’ai appris énormément, et l’aspect gestion m’a beaucoup apporté dans mes postes précédents et aujourd’hui encore.
Je pense que je ne serais pas du tout la même chef d’entreprise si je n’étais pas passée par cette période professionnelle : la relation d’équipe, l’interaction avec les managers, c’est aussi quelque chose qui m’a permis d’avoir une grande adaptabilité au final. Assistante de direction, c’est un métier où l’on échange avec beaucoup de personnes très différentes, et où j’ai aussi pu faire du recrutement : c’était très varié et très profitable !
Qu’est-ce qui t’as finalement motivée à te réorienter vers le domaine du bien-être ?
Mon âge ? Les enfants devenus grands… ? Mais surtout à ce moment de ma carrière, je me disais depuis un moment que j’avais fait le tour de mon poste. J’avais cette impression d’avoir tout vu, que je n’apportais plus grand-chose à l'entreprise et que ça ne m’apportais plus tellement à moi non plus. Il y avait en parallèle la routine du quotidien, et je pense qu’à ce moment j’avais besoin de retrouver ma place, ma place professionnelle.
Quand j’étais jeune, pendant mes études de commerce, j’avais croisé sur mon parcours une fille qui faisait des études d’esthétique. J’étais sous le charme, je me disais mais pourquoi je n’ai pas fait ça ! Je m’en rappelle très bien. Mais à cette époque, on n’arrêtait pas tout comme ça : quand on était engagé dans une voie, c’était pour durer. Aujourd’hui, si mes enfants me disaient : ça fait un an que j'ai commencé un truc mais ça ne me plaît pas, je leur dirais de changer !
Et puis en réfléchissant sur le long terme, je craignais de ne plus réussir à trouver ma place ; je me rappelle des retours de vacances où je me disais : j’y retourne, mais franchement… L’envie n’est plus là. Et j’avais l’impression de m’éteindre un peu, moi qui ai un tempérament affirmé, il me fallait de la motivation et du sens. Toute l’énergie et la disponibilité que je consacrais à mon entreprise, je me suis dit que je pourrais la mettre à mon propre compte. Donc j’ai commencé à étudier sérieusement ce que pourrait donner une reconversion, et c’est en 2017 que tout a bougé.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées pendant ta reconversion ?
Au niveau de la recherche d’informations, j’ai trouvé ça hyper compliqué. Il y a énormément d'aides sur le bassin rennais mais il faut trouver la bonne information, et j’arrivais parfois au mauvais moment : on me disait que j’étais trop avancée dans mon projet, je n’avais pas les bons interlocuteurs lorsque j'en avais besoin, ça n’a pas été facile. Je n’étais pas non plus en situation de difficulté, puisque j’avais un bon poste et donc sans doute pas les mêmes aides ou le même accompagnement qu’une personne inscrite comme demandeur d’emploi.
En tout cas, j'étais certaine de vouloir d’abord faire une étude de marché. Si je faisais cette reconversion, c’était pour me mettre à mon compte et ne pas être à nouveau salariée. C’est quelque chose qui a vraiment joué : j’avais 39 ans, et peut-être qu’on peut dire que c’est la crise de la quarantaine (rires), mais j’étais déterminée à m’installer à mon compte. Donc j’ai fait mon étude de marché, je me suis faite aider par des gens qui étaient mes collègues à l’époque, j’allais voir tout le monde, j’en parlais beaucoup autour de moi.
Une fois prête, comme je m’entendais très bien avec la direction, on a fait une rupture conventionnelle. J’ai fait une demande de FONGECIF (aujourd’hui remplacé par le PTP, Plan de Transition Professionnelle) pour porter cette reconversion, mais celle-ci a été refusée parce que ça ne m’élevait pas à l’échelon supérieur : j’avais un niveau BTS, et là je repartais sur un CAP. Ca fait partie des difficultés que l’on découvre en cours de reconversion !
Comment ton projet s’est-il concrétisé, comment as-tu trouvé ta boutique ?
J’avais au départ trouvé un local sur la commune de Betton. J’avais ciblé ce lieu parce que je m’étais rendue compte qu’il y avait plus de 10 000 habitants, mais seulement deux instituts. Si on voulait un rendez-vous, ça pouvait être compliqué, il y avait des délais.
Au final, ça n’a pas pu se faire avec ce local à Betton. J’avais repéré celui de Saint-Grégoire depuis le début, mais je ne voulais pas être le premier commerce à m’installer à cet endroit. Et puis pendant que je faisais mon projet à Betton, une boulangerie s'est implantée : c’était le premier commerce sur cette petite zone de Saint-Grégoire (nommée Maison Blanche). Là je me suis dit c’est bon, la locomotive est en place, on peut y aller. J’ai donc été ensuite voir les banques pour m’installer ici.
A ce moment, il s’agissait d’une cellule vide, qui était beaucoup plus grande que ce que je cherchais. Je voulais un petit local, qui ne dépasse pas les 100m2. Ici on est sur 160m2, je me suis dit rapidement que je ne pourrais pas rester à travailler toute seule très longtemps ! Et effectivement, je travaille maintenant avec une équipe de 4 salariées.
Aujourd’hui, je suis persuadée que c’était le bon endroit : on peut se garer sans problème, on arrive facilement par la rocade. Maison Blanche c’est près de tout, j’ai des clients qui viennent régulièrement de Chantepie ou d’autres communes autour de Rennes, ils apprécient le lieu et l’accessibilité.
Comment se sont passé tes débuts en tant qu’indépendante ?
L’activité s’est tout de suite lancée : j’ai profité du réseau rennais que j’avais à l’époque, et comme je venais du secteur de l'informatique, j’ai beaucoup communiqué sur le fait que je voulais automatiser en partie mon activité. C’était il y a 6 ans, donc on était encore au début des prises de rendez-vous en ligne : j’ai mis tous les agendas en ligne aussitôt, j’ai communiqué là-dessus et en parallèle, j’ai ouvert un compte Instagram dédié à mon activité. Entre mes contacts et l’utilisation des réseaux sociaux, finalement j’avais déjà mon agenda plein sur les 15 premiers jours, avant l’ouverture de l’institut !
Ces débuts concluants ont été suivi de la période Covid, où il a fallu se réinventer. Mes 2 salariées étaient au chômage, il a fallu que je porte l’institut à bout de bras : j’ai travaillé tous les jours sur des présentations, des vidéos de mes produits, des tutos en ligne… J’ai tout fait par le biais d’Instagram et Facebook, je vendais mes produits comme ça et j’allais livrer mes clientes. Sur le premier mois de fermeture en 2020, j’ai réussi à dégager 10 000€ toute seule avec ce fonctionnement.
Pendant cette période de difficultés liées au Covid, j’ai été contactée par la CCI : ils se sont rendu compte que je faisais partie des commerces qui fonctionnaient malgré tout, grâce aux réseaux sociaux. On a donc fait une vidéo ensemble afin de soutenir les commerçants, et leur apprendre à s’aider de ces supports-là pour leur activité. Une démarche intéressante !
Comment as-tu créé l'identité visuelle de Bergamote Institut ?
J’ai fait appel à un copain, qui est directeur artistique à son compte à Lille. Je lui ai expliqué ce que je voulais : j’avais déjà le nom, mais au niveau du graphisme et de l’identité visuelle je voulais vraiment une empreinte forte, je voulais qu’on se rappelle de moi. Donc c’est lui qui a travaillé là-dessus, il m’a fait des propositions auxquelles j’ai adhéré tout de suite, parce qu’il me connaissait et a su viser juste.
Les plans de la boutique ont été fait avec mon papa, j’ai suivi le chantier avec un copain… Ca a vraiment fonctionné comme ça, les proches, le réseau, le bouche à oreille ! Concernant ma présence sur les réseaux sociaux, je m’en occupe seule. Même si les vidéos représentent beaucoup de travail, j’aime faire ça au feeling. Certains collègues ont des trucs hyper carrés, moi c’est un peu roots mais ça contribue aussi à mon identité, j’imagine que les gens aiment me suivre pour ce côté nature.
As-tu des projets d’évolution dans ta carrière ?
J’ai toujours voulu évoluer : quand j’ai fait ma reconversion, je suis partie vers un CAP mais je me suis vite sentie limitée. En effet sur ce type de formation on ne touche pas du tout au corps, on est vraiment sensibilisés sur les épilations, les soins du visage, des mains ou des pieds, le maquillage… J’ai donc enchaîné avec des formations corps, parce que sans ça, ma carte de prestations était trop limitée : je voulais apprendre les massages, et c’est quelque chose qui m’a plu tout de suite. De manière générale, j’ai toujours voulu développer mon activité : depuis le début, on a fait des formations régulières avec mon équipe, ça nous permet d’étendre nos services.
Au départ, je me concentrais plutôt sur des évolutions high-tech : j’ai investi dans des machines au niveau de la minceur, de l’épilation définitive, la lumière pulsée, etc. Aujourd’hui, à contrario, je suis plutôt sur l’ouverture de soins énergétiques. Une sorte de retour au naturel, mais qui reste tout à fait complémentaire avec les soins proposés via les machines. Le domaine des soins énergétiques, c’est une appétence que j’ai en moi, j’ai envie de développer ça. Je partage aussi beaucoup avec les filles qui composent mon équipe : actuellement elle aiment pratiquer les massages et il y a beaucoup de demandes, nous évoluons ensemble et les gens sont contents de venir parce qu’ils savent qu’ici, il y aura toujours des nouveautés proposées.
Quels conseils donnerais-tu aux personnes qui souhaitent se reconvertir dans ce domaine ?
S’armer de tout ce qui existe : il y a plein d'options à disposition, et parfois on ne sait pas trop vers qui se tourner. Donc je dirais de bien prendre le temps de se renseigner par rapport à sa situation, et surtout de le faire avant de se lancer : une fois qu’on a mis le pied dans la spirale, il faut défendre son dossier auprès des banques, auprès de tout le monde, et ce n’est pas le plus facile ! Il ne faut pas se perdre dans ses démarches.
De mon côté je ne regrette pas du tout mon parcours ! Et surtout j’ai appréhendé ce métier du bien-être avec tout le recul que j'ai. Je ne suis pas sûre qu'à 20 ou 25 ans, j’aurais été aussi à l’aise avec le corps des autres. Je suis persuadée que rien ne se passe par hasard : à 20 ans j’avais cette petite graine en moi, et aujourd’hui j’en ai fait un beau projet. Je pense qu’il faut avant tout se sentir à la bonne place au bon moment de sa vie. Là j’y suis, et ça fait du bien !