Comment devenir viticulteur
Contrairement au vigneron qui intervient de la vendange à la commercialisation du vin, le viticulteur se concentre exclusivement sur la culture de la vigne et la production de raisins de qualité, qu'il vendra ensuite à des caves coopératives ou des négociants.
Quel est le rôle d'un viticulteur ?
Spécialiste de la viticulture, ce professionnel cultive et entretient les vignes pour obtenir des raisins répondant aux exigences des caves et négociants. Propriétaire ou exploitant de parcelles, il maîtrise l'ensemble du cycle végétatif de la vigne, depuis la plantation jusqu'à la vendange.
- préparer les sols en analysant leur composition et en amendant si nécessaire
- planter les ceps en sélectionnant cépages et porte-greffes adaptés au terroir
- tailler la vigne selon les méthodes traditionnelles (Guyot, cordon de Royat) pour optimiser la production
- surveiller l'état sanitaire des vignes et prévenir maladies (mildiou, oïdium) et parasites
- effectuer les travaux d'entretien (ébourgeonnage, relevage, effeuillage, vendanges en vert)
- organiser et superviser les vendanges en choisissant la date de récolte optimale
- trier les grappes et contrôler la qualité du raisin avant expédition
- négocier la vente des récoltes auprès des caves coopératives, négociants ou vignerons
Quelle formation pour devenir viticulteur ?
La viticulture française propose des parcours de formation diversifiés, accessibles dès la fin du collège et jusqu'au niveau ingénieur. Les diplômes s'échelonnent de bac à bac +5 selon le niveau de responsabilité visé.
CAP
- CAP agricole métiers de l'agriculture : productions végétales, vigne et vin
Bac
- Bac pro Conduite et gestion de l'entreprise vitivinicole (CGEVV)
- Bac pro Technicien conseil vente en alimentation (produits alimentaires et boissons)
Bac + 2
- BTSA Viticulture-œnologie
Bac + 3
- Licence professionnelle Productions végétales
- Licence professionnelle Agroalimentaire : gestion, production et valorisation
- BUT Génie biologique parcours agronomie
Bac + 5
- Diplôme national d'œnologue (DNO)
- Master Viticulture, œnologie, économie
- Master Sciences de la vigne et du vin
- Diplôme d'ingénieur agronome option viticulture-œnologie
Optez pour des établissements situés au cœur des grandes régions viticoles (Bourgogne, Champagne-Ardenne, Pays-de-la-Loire, Nouvelle-Aquitaine) afin de profiter d’un environnement directement connecté aux réalités du terrain.
Si vous envisagez de reprendre une exploitation familiale, un bac pro ou un BTSA constitue généralement une base suffisante. En revanche, pour créer votre propre domaine ou accéder à des fonctions de chef de culture, une licence professionnelle ou un diplôme d’ingénieur permettra d’approfondir vos compétences en gestion et en agronomie.
Informez-vous sur les stages obligatoires ainsi que sur les périodes de vendanges intégrées aux formations, car l’expérience pratique joue un rôle essentiel dans ce métier. Pensez également à vérifier les options d’alternance, particulièrement appréciées dans le milieu viticole.
Quelles sont les qualités requises pour devenir viticulteur ?
La pratique de la viticulture exige un équilibre entre robustesse physique, sens de l'observation et capacités entrepreneuriales.
Soft skills
Travailler en extérieur presque toute l’année, souvent dans des positions exigeantes et sous des conditions météorologiques variables, impose une solide endurance physique. L’identification rapide d’une maladie cryptogamique, d’un stress hydrique ou d’une attaque parasitaire repose ensuite sur une bonne capacité d’observation.
Les journées s’enchaînent avec des tâches très différentes : conduite du tracteur, démarches administratives, négociation avec les acheteurs… Une véritable polyvalence devient alors indispensable. Lorsque des saisonniers participent aux vendanges, l’organisation des équipes et le maintien du rythme de récolte requièrent de réelles compétences managériales.
Face aux aléas climatiques (gel, grêle, sécheresse) ou aux menaces sanitaires comme le mildiou ou les vers de la grappe, la survie économique de l’exploitation dépend largement de la rapidité de réaction.
Compétences techniques incontournables
- maîtrise de l'ampélographie et connaissance des cépages (pinot noir, chardonnay, merlot, etc.)
- techniques de taille et de palissage adaptées aux différents systèmes de conduite
- diagnostic et traitement des maladies de la vigne
Compétences techniques à ne pas oublier
- connaissance des réglementations viticoles (AOC, IGP, agriculture biologique, certifications HVE)
- utilisation et entretien du matériel agricole (tracteurs, pulvérisateurs, machines à vendanger)
- notions de pédologie pour analyser la composition des sols.
Quel est le salaire d'un viticulteur ?
- Pour un technicien viticole débutant, prévoyez entre 20 000 et 25 000 euros brut annuels, correspondant à un revenu mensuel net de 1 330 à 1 660 euros.
- Un chef de culture confirmé, après cinq années sur le terrain, atteint des rémunérations comprises entre 28 000 et 33 000 euros brut par an, soit 1 860 à 2 190 euros net mensuels.
Ces montants varient selon le statut d'exercice. Les salariés d'exploitations viticoles perçoivent des revenus stables mais limités. À l'inverse, les viticulteurs propriétaires dégagent des revenus fluctuants, corrélés au volume et à la qualité de leur production : une récolte exceptionnelle peut générer 3 000 à 4 500 euros net mensuels.
Le terroir d'implantation doit également être pris en compte dans la rémunération : une parcelle en appellation prestigieuse (Champagne, Bourgogne, Bordeaux) garantit des prix de vente supérieurs. La certification (agriculture biologique, Haute Valeur Environnementale) valorise également les tarifs. La taille de l'exploitation conditionne la rentabilité : au- delà de 10 hectares, les économies d'échelle améliorent la viabilité économique.
Les perspectives d'évolution pour votre carrière
L'expérience acquise dans les vignes ouvre plusieurs trajectoires d'évolution, fonction de vos ambitions et de votre appétence pour la transmission ou l'entrepreneuriat.
- Vous pouvez élargir votre surface cultivée en rachetant ou en reprenant des parcelles voisines, augmentant ainsi votre production et votre capacité de négociation avec les acheteurs.
- L'accès au statut de vigneron représente une évolution naturelle : en intégrant la vinification et la commercialisation, vous maîtrisez l'ensemble de la chaîne de valeur et valorisez directement votre production.
- Un poste de chef de culture au sein d'un grand domaine vous confiera la responsabilité de plusieurs dizaines d'hectares et le management d'équipes permanentes et saisonnières.
- L'activité de conseil technique auprès d'exploitants ou de chambres d'agriculture valorise votre expertise terrain, notamment si vous maîtrisez les nouvelles pratiques agroécologiques.
- L'enseignement en lycée agricole ou en centre de formation permet de transmettre votre savoir-faire aux générations futures tout en conservant une activité complémentaire.
Votre futur environnement de travail
Dans les vignobles, le quotidien se partage entre les ceps, les sols et l’ensemble des travaux qui structurent le cycle végétatif. Les employeurs peuvent être très différents : domaines indépendants, caves coopératives, maisons de négoce dotées de leurs propres parcelles ou encore grandes propriétés familiales. Certains choisissent de gérer leur propre exploitation et d’exercer en autonomie complète.
Selon la structure, l’environnement humain change aussi : échanges fréquents avec les œnologues et maîtres de chai, contacts réguliers avec les négociants, les acheteurs et les fournisseurs, appui technique des chambres d’agriculture, sans oublier les équipes de saisonniers mobilisées pour les vendanges.
Le travail s’effectue en plein air tout au long de l’année. Le rythme s’adapte aux saisons : hiver marqué par des journées plus courtes dédiées à la taille, printemps et été plus chargés, puis une période de vendanges particulièrement intense où les journées peuvent s’étendre sur 10 à 12 heures.
Avantages et inconvénients du métier de viticulteur
La viticulture présente des spécificités qu'il convient d'évaluer lucidement avant de s'engager dans cette voie professionnelle.
Avantages
- Métier passion ancré dans le terroir : Travailler au rythme des saisons et contribuer à la perpétuation d'un savoir-faire millénaire procure une satisfaction profonde. Vous participez à la production d'un produit emblématique de la culture française, valorisé à l'international.
- Travail en extérieur et autonomie : Si vous appréciez le grand air et l'indépendance, ce métier vous permettra d'organiser vos journées en fonction des impératifs climatiques et végétatifs, loin de la routine qu'on peut parfois rencontrer dans un emploi dit "de bureau".
- Reconversion facilitée : De nombreux dispositifs permettent d'accéder au métier après une première carrière, notamment via le Compte Personnel de Formation (CPF) ou des aides régionales dédiées à l'installation agricole.
Inconvénients
- Exposition aux aléas climatiques : Gel printanier, grêle, sécheresse ou pluies excessives peuvent anéantir une récolte en quelques heures. Cette incertitude pèse lourdement sur la rentabilité, particulièrement pour les exploitants indépendants non assurés.
- Pénibilité physique et horaires contraignants : Le travail sous la chaleur estivale, les postures répétitives lors de la taille et les cadences soutenues pendant les vendanges sollicitent intensément le corps. Les périodes de pointe peuvent impliquer des semaines de 60 heures.
- Revenus modestes en début de carrière : Les salaires des techniciens viticoles débutants restent proches du SMIC. L'installation en tant que propriétaire-exploitant nécessite un capital initial important (achat de terres, matériel) et plusieurs années avant d'atteindre la rentabilité.
Quelle formation continue pour un viticulteur déjà en exercice ?
Le secteur viticole attire de nombreux reconvertis et offre des dispositifs adaptés aux adultes en activité. Les formations s'échelonnent du CAP à la licence professionnelle, la plupart étant éligibles au CPF.
Pour les personnes ayant déjà une première expérience dans les vignes, le BP Responsable d'exploitation agricole, le BPA Travaux de la vigne et du vin ou la certification professionnelle Technicien viticulture-œnologie constituent des parcours de montée en compétences. Ces formations courtes (6 à 18 mois) combinent apports théoriques et pratique sur le terrain. Les professionnels souhaitant se spécialiser dans le commerce peuvent viser des certificats en négoce de vins et spiritueux.
Les demandeurs d'emploi bénéficient de l'Aide individuelle à la formation (AIF) de France Travail ou d'un maintien partiel de l'allocation chômage (ARE) pendant la formation.
Les salariés en reconversion mobilisent le projet de transition professionnelle (PTP), qui autorise une absence pour se former tout en conservant une partie du salaire et la garantie de retrouver son poste. Les régions viticoles (Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est) proposent également des aides spécifiques à l'installation en viticulture, cumulables avec les dispositifs nationaux.
Quelle est la différence entre un viticulteur et un vigneron ?
Ces deux métiers se confondent souvent dans le langage courant, pourtant leurs périmètres d'intervention diffèrent nettement.
Le viticulteur se concentre exclusivement sur la culture de la vigne et la production de raisins. Sa mission s'achève une fois la vendange effectuée et triée. Il vend sa récolte à des caves coopératives, des négociants ou des vignerons qui se chargeront de la transformation en vin. Son expertise porte sur l'agronomie, la conduite du vignoble, la gestion des maladies et l'optimisation de la qualité du raisin.
Le vigneron, quant à lui, maîtrise l'intégralité de la chaîne de production : de la culture de la vigne à la commercialisation du vin en bouteille. Il vendange ses propres raisins, assure la vinification en cave (pressurage, fermentation, élevage), procède à la mise en bouteilles et commercialise directement ses vins auprès de particuliers, restaurants ou cavistes. Son métier conjugue donc viticulture et œnologie, avec une dimension commerciale forte.
En résumé, le viticulteur produit la matière première (le raisin), tandis que le vigneron transforme cette matière première en produit fini (le vin). Certains professionnels cumulent les deux casquettes lorsqu'ils décident d'intégrer la vinification à leur activité initiale de viticulteur.
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