5 idées reçues sur les métiers agricoles

Evolutions technologiques, mixité, charge de travail, niveau d'études... Le monde agricole fait beaucoup parler et suscite parfois des réticences sur les conditions de travail. Petit tour d'horizon des principaux clichés encore présents, dans une filière qui recrute et offre des perspectives d'avenir.
1. "On ne peut pas vivre d'une activité agricole"
Parfois considéré comme un métier précaire et peu attirant, la profession d'agriculteur a énormément évolué en quelques décennies. S'il s'agit toujours d'une activité prenante et météo-dépendante, il reste possible d'en retirer une rémunération correcte. Le résultat courant moyen d'une exploitation agricole en 2022 était de 32 000€ par personne et par an (source Inrae). Les revenus sont bien sûr très disparates selon la production (élevage, grandes cultures, maraîchage...), mais quelques bonnes pratiques permettent de viabiliser son activité, notamment en variant les productions et les circuits de distribution.
Les mentalités évoluent beaucoup, l'agriculture fait partie des métiers qui se sont digitalisés et de nombreux jeunes agriculteurs cherchent à mettre en place des circuits courts pour vendre. Une occasion de valoriser sa production, rencontrer les consommateurs et recréer du lien entre les populations. Avoir différents canaux de distribution est ainsi une tendance, qui permet de soutenir des modèles agricoles plus durables, de fidéliser et communiquer sur les bonnes pratiques mises en place (préservation de l'environnement, bien-être animal, etc.).
2. "Les agriculteurs sont épuisés et n'ont pas de loisirs"
Les agriculteurs travaillent en effet plus que la moyenne, avec environ 54h par semaine (données INSEE, 2022). Comme pour un artisan ou un commerçant, les horaires d'un agriculteur sont atypiques et ils doivent souvent travailler une partie du week-end ou certaines nuits, selon la saison et le type de production. Mais ces passionnés arrivent aussi à se réserver du temps pour eux ! Les jeunes agriculteurs ont aussi pour priorité de ne pas devoir passer leur vie au travail, ce qui était bien trop souvent le cas des générations précédentes.
Grâce notamment à l'automatisation, les tâches peuvent en général être décalées ou réorganisées, pour emmener les enfants à l'école ou à une activité sportive par exemple. L'équilibre vie familiale - vie professionnelle est largement pris en compte dans les fermes actuelles. Pour les congés, des services de remplacement permettent de déléguer et de se libérer pour partir quelques semaines en famille. Même si la plupart des agriculteurs n'ont pas envie de quitter trop longtemps leur campagne !
3. "Les femmes n'ont pas leur place en agriculture"
Aujourd'hui, environ 1/4 des chefs d'exploitation agricole sont des femmes et les effectifs au sein des formations agricoles se féminisent davantage (environ 50% toutes filières confondues). Avec les évolutions comme la mécanisation, les robots agricoles et la maintenance du matériel, les métiers deviennent aussi plus accessibles à tous. Les femmes ont tardées à être reconnues dans le monde agricole, notamment les conjointes d'exploitant.
Si ce genre de stéréotype à la vie dure, les mentalités évoluent et les femmes ont elles aussi toute leur place dans le milieu agricole. Nombreuses d'entre elles arrivent dans ce secteur suite à une reconversion, avec des diplômes et des expériences professionnelles très variées : elles apportent de la nouveauté dans le secteur de l'agriculture, remettent en question certaines pratiques et participent à faire évoluer les manières de produire.
Certains freins persistent, notamment les conditions de vie souvent isolées qui peuvent compliquer le quotidien avec des enfants (services de soin, trajets scolaires, solutions de garde...) : des actions et des innovations sont encore à mettre en place au sein des territoires ruraux, pour permettre de mieux concilier emploi agricole et vie sociale.
4. "Les agriculteurs sont des gens solitaires"
Pour que son exploitation tourne correctement, un agriculteur moderne est amené à rencontrer de nombreux intervenants sur la semaine. Vétérinaire, techniciens, commerciaux, conseillers et autres spécialistes du para-agricole se relaient pour accompagner le travail de l'agriculteur. Sans compter les réunions avec les membres de la coopérative, le conseiller de gestion ou le comptable, autant de créneaux essentiels pour faire le point sur l'activité. Un agriculteur échange ainsi beaucoup sur tous les aspects de son métier, avec de nombreux professionnels différents.
En dehors de ça, certains agriculteurs consacrent du temps à promouvoir leur activité auprès du public, de différentes façons. Fermes ouvertes, réseau de vente directe, journées de visites et évènements en lien avec les lycées agricoles, mais aussi utilisation des réseaux sociaux pour montrer leur quotidien : les agriculteurs ont 1000 façons de communiquer pour défendre leurs pratiques et montrer tous les aspects d'un métier passion !
5. "Il n'y a pas besoin de diplôme pour être agriculteur"
Si aucun diplôme n'est imposé, en pratique les jeunes agriculteurs ont majoritairement un bon niveau d'études, qui leur ouvre également le droit à des aides financières. Les métiers agricoles sont devenus plus techniques, demandant également des compétences en gestion, et un bac professionnel ou un BTS ACSE (Analyse et Conduite de Systèmes d’Exploitation) sont des formations couramment suivies.
Des formations spécialisées permettent aussi d'apprendre à manager ses équipes, échanger et négocier avec fournisseurs et clients, faire les meilleurs choix d'investissement ou encore maîtriser plusieurs techniques de culture ou d'élevage. Nous sommes donc loin de l'agriculteur seul dans son champ à labourer, et ce métier implique aujourd'hui de nombreux enjeux et réflexions sur l'avenir !
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