5 idées reçues sur le secteur de l'intelligence artificielle

Vous voyez dans l'intelligence artificielle une opportunité professionnelle, mais certains discours vous freinent ou vous inquiètent ? On décrypte les principales idées reçues qui circulent à son sujet.
1. "L'intelligence artificielle supprime des emplois"
Cette crainte n'émane pas seulement du grand public, elle est également partagée par une partie du monde scientifique. On peut notamment citer le chercheur américain Ben Goertzel qui affirmait dans un entretien à l'AFP que l'IA pourrait remplacer 80% des emplois.
D'autres études se montrent beaucoup moins alarmistes quant aux répercussions négatives de l'IA sur le marché du travail. Par exemple, la Commission de l'intelligence artificielle estime que "seulement" 5% des emplois dans un pays comme la France pourraient être remplacés par l'IA. À l'heure où 85% des métiers de 2030 n'existent pas encore selon une étude publiée par Dell et l'Institut du futur, il est encore difficile de prédire de quoi demain sera fait.
À l'heure actuelle, la plupart des experts s'accordent à dire que l'IA tend davantage à assister certains métiers plutôt qu'à les remplacer complètement. Cette collaboration homme-machine permet aux salariés de gagner en productivité et en efficacité, notamment grâce à l'automatisation de tâches répétitives. Le temps ainsi dégagé leur donne l'occasion concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée.
Plutôt que de détruire des emplois, l'IA redéfinit nos méthodes de travail dans des domaines aussi divers que l'industrie, la comptabilité, la finance ou le secteur administratif. L'éventail des opportunités professionnelles offertes par l'IA reste encore à découvrir, mais on assiste déjà à l'apparition de nouveaux métiers tels que prompt engineer, ingénieur en machine learning ou expert en traitement du langage naturel (NLP).
2. "Il faut obligatoirement suivre de longues études pour travailler dans l'IA"
Il ne faut pas se leurrer : l'IA est une discipline complexe qui repose sur des concepts souvent difficiles à apprivoiser lorsque l'on ne possède pas de connaissances poussées en mathématiques, en statistiques ou encore en programmation informatique. On pourrait donc naturellement penser qu'il est indispensable d'avoir un bagage solide, et donc un niveau d'études élevé, pour se faire une place dans ce domaine en pleine expansion.
S'il est préférable d'acquérir une expertise pointue dans une sous-branche de l'IA, cela ne signifie pas pour autant qu'il faut impérativement un bac+5 en poche pour exercer un métier en rapport avec l'intelligence artificielle. À moins que vous ne visiez un poste d'ingénieur, de nombreuses autres opportunités sont accessibles avec des formations plus courtes. Les personnes en reconversion peuvent compter sur une pléthore d'offres de formations pour acquérir, en un temps réduit, des compétences prisées dans le secteur de l'IA, que ce soit en développement d'applications, en analyse de données ou en apprentissage automatique.
3. "Les emplois liés à l'IA se limitent à l'univers de la tech"
Les métiers de l'IA qui recrutent s'étendent bien au-delà du secteur technologique. Les domaines d'application de l'IA sont multiples, et chaque secteur commence progressivement à tirer parti de ces outils pour améliorer ses processus et favoriser l'innovation. Nul besoin de travailler pour de grandes entreprises comme Microsoft, Google ou Amazon pour adopter l'IA dans ses pratiques professionnelles.
Dans le secteur privé, comme dans le secteur public, de nombreuses organisations ont recours à l'intelligence artificielle pour optimiser leurs performances. Dans le domaine de la santé, l'IA est par exemple utilisée pour améliorer la fiabilité et la rapidité des diagnostics. Les professionnels du marketing et du commerce s'en servent pour prédire les comportements d'achat, tandis que dans le monde de la finance, elle se montre d'une efficacité redoutable pour détecter les fraudes et analyser les risques.
Ce ne sont là que quelques exemples parmi une multitude d'applications possibles et quel que soit le secteur d'activité qui vous attire, il y a de fortes chances pour que vous puissiez faire de l'IA un précieux allié dans votre travail de tous les jours.
4. "L'IA est toujours objective"
Tout dépend du modèle sur lequel elle a été entraînée, mais il est bon de rappeler que les connaissances de l'IA reposent sur des données générées par des êtres humains et qu'elles peuvent donc être empreintes de biais et de préjugés. Il n'est donc pas rare que l'IA reflète machinalement certaines discriminations et inégalités présentes dans notre société. De nombreuses études, dont un rapport de l'Unesco, ont pointé du doigt les biais sexistes, raciaux et socio-économiques dans les réponses générées par l'IA.
Ces biais algorithmiques peuvent avoir de réelles conséquences sur la vie des individus : on se rappelle par exemple du logiciel de recrutement qu'Amazon a dû désactiver quand l'entreprise a découvert sa tendance "naturelle" à écarter les profils féminins.
La lutte contre ces biais est un travail de longue haleine qui repose sur une diversification des données d'entraînement, un nettoyage des données discriminatoires, ainsi qu'une meilleure représentation au sein des équipes chargées de concevoir ces outils. L'IA ne fait donc pas toujours faire preuve d'objectivité ni de neutralité et ses réponses ne doivent pas être considérés comme des vérités absolues.
C'est d'autant plus vrai que l'IA semble parfois posséder certains traits humains tels que la fierté : plutôt que de répondre "je ne sais pas" à une requête, il lui arrive encore de générer une réponse plausible, quitte à inventer des faits ou des citations ! Ce phénomène, connu sous le nom d'hallucination, devrait se dissiper dans les années à venir, mais il rappelle l'importance de toujours vérifier les informations fournies par l'intelligence artificielle.
5. "L'intelligence artificielle n'a pas besoin de supervision humaine"
Si vous êtes arrivé jusqu'ici, vous savez déjà que l'intelligence artificielle n'est ni infaillible, ni totalement autonome. Bien qu'il soit probable que nous ayons de plus en plus de mal à nous passer de l'IA, l'inverse n'est pas (encore ?) vrai : elle se révèle incapable de fonctionner correctement sans une supervision humaine régulière.
C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le secteur de l'intelligence artificielle offre autant de débouchés : la demande de professionnels qualifiés pour concevoir, piloter, encadrer et améliorer ces systèmes ne cesse de croître. La rapidité à laquelle évolue l'IA participe également à l'émergence de nouveaux besoins et de nouvelles compétences associées.
Une autre bonne nouvelle pour les personnes intéressées par ce secteur : il est aujourd'hui admis que ce sont avant tout nos qualités humaines, telles que la créativité, l'intelligence émotionnelle ou encore notre sensibilité, qui nous permettent de corriger les failles des algorithmes et de tirer le meilleur parti de la technologie. Autrement dit, si vous espérez voir des machines prendre leur indépendance et se révolter contre leurs créateurs, vous devrez encore vous en remettre à la science-fiction pour un bon moment.
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