Comment devenir permaculteur
Vous rêvez de travailler au grand air et de contribuer concrètement à la transition écologique ? Le permaculteur maitrise à la perfection l’art de faire pousser les légumes et fruits de saison. Son activité relève d’une science alliant l’agriculture et l’environnement.
Ce professionnel aux multiples casquettes œuvre chaque jour pour le maintien des écosystèmes naturels. Comment devenir permaculteur ? Découvrez le parcours conseillé et les qualités attendues pour vivre de ce métier.
Quel est le rôle d’un permaculteur ?
Le permaculteur conçoit et gère des systèmes agricoles productifs qui s'inspirent du fonctionnement des écosystèmes naturels. Contrairement à l'agriculture conventionnelle, il travaille avec la nature plutôt que contre elle, excluant tout recours aux pesticides ou autres produits chimiques néfastes pour l’environnement.
Ses principales missions :
- analyser et observer le terrain pour comprendre ses spécificités (exposition, type de sol, ressources en eau, microclimat)
- concevoir l'aménagement du terrain selon les principes de la permaculture (associations de plantes, zones de culture, haies)
- enrichir naturellement les sols grâce au compost, aux engrais verts et au paillage
- planifier et réaliser les semis, plantations et récoltes en respectant les cycles naturels
- mettre en place des systèmes de gestion de l'eau économes et efficaces (récupération d'eau de pluie, irrigation raisonnée)
- entretenir et gérer les cultures selon les principes agroécologiques (rotation, associations bénéfiques)
- commercialiser sa production en circuit court (vente directe, AMAP, marchés locaux)
- transmettre ses connaissances à travers des formations, ateliers ou visites pédagogiques.
Quelle formation pour devenir permaculteur ?
Le métier de permaculteur présente la particularité de ne requérir aucun diplôme obligatoire. Toutefois, une formation solide reste fortement recommandée pour maîtriser les bases agronomiques et développer une activité viable tout en renforçant sa crédibilité professionnelle.
Plusieurs cursus peuvent constituer une bonne base de départ :
Niveau bac
- Baccalauréat professionnel conduite de productions horticoles
- Baccalauréat professionnel conduite et gestion de l'entreprise agricole
Niveau bac+2
- BTSA Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole
- BTSA Production horticole
Niveau bac+3
- Licence professionnelle agronomie
- Licence professionnelle productions végétales
Les formations initiales, les cours et la pratique vont permettre au permaculteur en devenir de remplir certaines missions récurrentes :
- choix et entretien du matériel
- observation de la nature et reconnaissance des spécificités d’un terrain et variétés des sols
- enrichissement du sol pour une meilleure fertilité avec utilisation de compost, d’engrais naturels
- installation d’un potager
- semences et plants
- maraîchage
- recyclage des déchets
- répartition de l’eau
- rotation des cultures
En parallèle de ces cursus professionnalisants, on trouve un certain nombre d’organismes proposent des formations courtes en permaculture, allant de quelques jours à plusieurs semaines. Certaines d’entre elles peuvent s’effectuer en partie ou en intégralité à distance.
Le Certificat de conception en permaculture (CCP), formation internationale de 72 heures minimum, constitue une référence reconnue dans le milieu. Ce n’est sans doute pas un hasard : il a été conçu par les fondateurs mêmes de la permaculture, Bill Mollison et David Holmgren !
Les formations à dimension pratique sont vivement recommandées : l'expérimentation sur le terrain reste irremplaçable pour acquérir de l’expérience et se confronter à la réalité d’un métier ou d’un secteur. N'hésitez pas à multiplier les stages chez différents permaculteurs pour découvrir diverses approches et contextes (maraîchage, jardin-forêt, élevage).
Comment financer sa formation de permaculture ?
Renseignez-vous sur l'éligibilité des formations au CPF (Compte Personnel de Formation) pour bénéficier d'un financement. Il suffit de vérifier que la formation envisagée est éligible à ce dispositif. Selon votre situation, France Travail, votre employeur ou votre région peuvent vous apporter l’aide financière nécessaires pour concrétiser votre projet de formation sous certaines conditions. Enfin, rejoignez des réseaux et associations de permaculteurs pour continuer à apprendre auprès de professionnels expérimentés.
Quelles sont les qualités requises pour devenir permaculteur ?
La réussite en permaculture repose autant sur la maîtrise de techniques agricoles spécifiques que sur des qualités humaines
Les soft skills
- patience et persévérance : la permaculture repose sur l'observation des cycles naturels qui ne se plient pas aux impératifs de productivité immédiate. Il faut accepter que certaines expérimentations prennent plusieurs saisons avant de porter leurs fruits (au sens littéral du terme !)
- capacité d'adaptation : face aux aléas climatiques et aux imprévus inhérents au travail de la terre, vous devez constamment ajuster vos pratiques et trouver des solutions créatives
- sens de l'observation : comprendre les interactions entre les différents éléments de votre écosystème (plantes, insectes, sol) demande un réel souci du détail
- esprit d'expérimentation : la permaculture encourage l'innovation et l'apprentissage par l'essai-erreur, ce qui suppose d'accepter l'échec comme source de progression
Les compétences techniques incontournables
- compétences commerciales : pour vivre de votre activité, vous devez savoir valoriser vos productions et développer votre réseau de clients en circuit court
- maîtrise de l'agronomie et de l'agroécologie : comprendre les mécanismes biologiques du sol, les besoins des plantes et les principes des écosystèmes vous permet de concevoir des systèmes productifs et résilients
- connaissance des cycles naturels et de la biodiversité locale : identifier les plantes sauvages, reconnaître les auxiliaires de culture et anticiper les périodes de semis et de récolte sont indispensables pour travailler en harmonie avec votre environnement
- techniques de jardinage et de maraîchage : du semis à la récolte, vous devez maîtriser les gestes techniques (bouturage, greffage, taille) pour optimiser vos productions.
Autres compétences techniques à ne pas oublier
- gestion d'entreprise agricole : établir un prévisionnel, gérer sa trésorerie et optimiser ses investissements sont cruciaux pour assurer la pérennité de votre activité, particulièrement si vous vous installez à votre compte
- utilisation d'outils et d'équipements adaptés : vous devez savoir entretenir et utiliser efficacement le matériel agricole manuel ou mécanisé (grelinette, motoculteur, serre) pour gagner en productivité
- commercialisation et communication : développer votre clientèle passe par la maîtrise des canaux de vente directe et la capacité à valoriser votre démarche auprès des consommateurs
Quelle formation continue pour un permaculteur ?
Beaucoup de permaculteurs sont arrivés à la pratique de ce métier sur le tard. Ce n’est donc pas leur profession de départ et leur formation initiale n’est souvent pas en rapport avec cette envie de cultiver des légumes et des fruits en fonction des saisons et en respectant la planète. Les formations professionnelles pour exercer cette activité à titre professionnel ou en complément se sont donc multipliées ces dernières années.
Certains organismes de formations continues proposent ainsi des sessions d’apprentissage sur la botanique, l’agriculture, le maraîchage ou encore les techniques de semences. Le permaculteur en devenir ou celui déjà en exercice aura, dans tous les cas, besoin de se documenter et de se tenir informé des dernières découvertes. L’apprentissage d’une méthode d’agriculture en rapport avec son projet est souvent essentiel. Une formation en agroforesterie, jardin-forêt ou culture de légumes vivaces est conseillée en fonction des besoins du professionnel et de son activité.
Votre futur environnement de travail
Imaginez-vous au petit matin, parcourant votre terrain pour observer l'évolution de vos cultures. Vous travaillez principalement en extérieur, sur votre propre exploitation ou celle d'un collectif, quelle que soit la météo. Vous êtes quotidiennement en contact avec la terre, que ce soit pour semer, pailler ou récolter. Vous évoluez dans un environnement vivant où chaque élément interagit : les légumes côtoient les fleurs mellifères qui attirent les pollinisateurs, les haies abritent les oiseaux auxiliaires.
Selon votre modèle, vous passez également du temps sur les marchés locaux pour rencontrer vos clients, ou vous recevez directement à la ferme des adhérents d'AMAP ou des visiteurs curieux. Vous échangez régulièrement avec d'autres permaculteurs lors de formations, de rencontres associatives ou de chantiers participatifs.
Les perspectives d'évolution pour votre carrière
Les perspectives d'évolution pour un permaculteur s'orientent principalement vers la diversification et l'élargissement de son activité :
- développement de l'activité commerciale : élargir ses circuits de distribution, créer une boutique en ligne, développer la transformation de produits (conserves, confitures)
- création d'une micro-ferme diversifiée : intégrer l'élevage de volailles ou d'animaux de pâturage pour enrichir l'écosystème et diversifier les sources de revenus
- spécialisation : se concentrer sur des productions à forte valeur ajoutée (plantes médicinales, semences paysannes, plants de permaculture)
- transmission de savoir : animer des formations, des stages ou des visites pédagogiques pour partager son expertise
- conseil et accompagnement : accompagner des porteurs de projets en permaculture ou des collectivités dans leurs aménagements.
Quel est le salaire d’un permaculteur ?
- En début de carrière, un permaculteur peut espérer un salaire brut annuel compris entre 18 000 et 23 000 euros, soit environ 1 400 à 1 800 euros net par mois.
- Avec cinq ans d'expérience ou plus, cette rémunération peut évoluer pour atteindre entre 24 000 et 29 000 euros brut par an, soit l'équivalent de 1 900 à 2 300 euros net mensuels.
Le salaire d’un permaculteur varie en fonction des productions, des exploitations, mais aussi des circuits de distribution envisagés pour la commercialisation et les ventes des récoltes. Plus le circuit est court, plus le permaculteur sera mieux rémunéré.
Les premières années d'installation restent souvent difficiles financièrement, le temps que les sols gagnent en fertilité et que la clientèle se développe. Avec l'expérience, l'amélioration des rendements et la fidélisation d'une clientèle stable, les revenus se stabilisent et progressent.
Certains permaculteurs complètent leurs revenus en proposant des prestations annexes : formations, ateliers, hébergement touristique à la ferme, ou prestations de conseil en aménagement de jardins.
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