Comment devenir entomologiste
Du grec « entomon » signifiant « incisé », l'entomologie étudie les insectes sous toutes leurs formes. Ce métier scientifique exigeant s'adresse aux passionnés du monde vivant, prêts à observer, analyser et comprendre les relations complexes entre les hexapodes et leur environnement.
Quel est le rôle d'un entomologiste ?
Spécialiste du monde des insectes, l'entomologiste décrypte les interactions entre ces arthropodes et leur milieu naturel. Contrairement au zoologiste généraliste, il se concentre exclusivement sur les hexapodes (abeilles, coléoptères, fourmis, moustiques...) et analyse leur impact écologique, agricole ou sanitaire.
Ses missions varient considérablement selon qu'il exerce en recherche fondamentale, en protection des cultures ou en médecine légale :
- recenser et identifier les espèces sur un territoire délimité
- étudier le cycle de vie, la reproduction et le comportement des insectes
- évaluer l'impact des insectes sur la biodiversité et les écosystèmes
- analyser les maladies et ravageurs affectant les cultures
- concevoir et tester des solutions de lutte biologique ou chimique
- dater un décès par l'étude des insectes nécrophages dans le cadre d'enquêtes médicolégales.
Quelle formation pour devenir entomologiste ?
Devenir entomologiste nécessite un parcours universitaire long et spécialisé. Un master en biologie, écologie ou entomologie constitue le sésame indispensable pour accéder à ce métier scientifique exigeant. La formation alterne cours théoriques et travaux pratiques sur le terrain, avec des stages en laboratoire dès la licence.
Exemples de formations :
- Master Biodiversité, écologie et évolution (parcours Entomologie).
- Master International en Entomologie (MIE)
- Master Biologie-santé (parcours Entomologie médicale et vétérinaire)
- Diplôme d'ingénieur agronome spécialisé en protection des plantes et environnement.
Misez sur une expertise pointue : spécialisez-vous dès la première année sur un groupe d'insectes précis (hyménoptères, diptères ou coléoptères). Pour acquérir cette expertise, optez pour les masters proposant des stages terrain prolongés au sein d'organismes reconnus comme l'Inrae.
Quelles sont les qualités requises pour devenir entomologiste ?
De la minutie du laboratoire à la patience requise sur le terrain, voici les qualités humaines et les traits de caractère qui vous mèneront au succès dans l'étude des insectes.
Les qualités humaines essentielles
- Une grande patience : Observer pendant des heures le comportement d'une colonie ou attendre l'émergence d'un papillon demande une concentration hors norme.
- Une curiosité scientifique : l'entomologiste continue d'apprendre tout au long de sa carrière. Ce professionnel ne cesse de questionner les mécanismes du vivant.
- Un sens de l'observation aiguisé : cette qualité permet de repérer les détails anatomiques infimes pour identifier une espèce.
- Une excellente condition physique : indispensable pour supporter les longues marches en milieu naturel et les conditions climatiques rudes.
- Réel sens de la pédagogie : l'entomologiste doit être capable de vulgariser ses découvertes auprès d'agriculteurs, décideurs politiques ou du grand public.
Les compétences techniques incontournables
- identification taxonomique : reconnaître les espèces à tous les stades de développement (œuf, larve, nymphe, adulte) grâce à la maîtrise des clés de détermination
- techniques de prélèvement et de conservation : capture au filet, piégeage, montage d'échantillons pour collections scientifiques
- analyse écologique : compréhension fine des interactions entre insectes, plantes, sol et climat
Les compétences techniques complémentaires
- statistiques et modélisation : utilisation de logiciels comme R ou Python pour traiter les données de terrain
- systèmes d'information géographique (SIG) : cartographie des populations d'insectes avec ArcGIS ou QGIS
- anglais scientifique : lecture d'articles de recherche et participation à des colloques internationaux
Quel est le salaire d'un entomologiste ?
La rémunération des entomologistes varie considérablement selon le secteur d'activité et le statut professionnel.
- Débutant : un entomologiste en début de carrière perçoit entre 26 000 et 31 000 euros brut par an, soit 1 720 à 2 050 euros net par mois.
- À partir de 5 ans d'expérience : avec l'expérience et la reconnaissance scientifique, la rémunération évolue entre 32 000 et 37 000 euros brut par an, soit 2 120 à 2 450 euros net par mois.
Dans la recherche publique, les grilles indiciaires déterminent la progression salariale. Un chargé de recherche au CNRS débute à environ 2 200 euros net mensuels, tandis qu'un directeur de recherche expérimenté peut atteindre 4 500 euros net. Le secteur privé propose des rémunérations supérieures de 20 à 30 %, parfois assorties de primes. La localisation influence aussi les salaires : l'Île-de-France offre une rémunération supérieure de 10 à 15 %. Les entomologistes en freelance facturent entre 300 et 600 euros par jour selon leur expertise.
Les perspectives d'évolution pour votre carrière
L'évolution de carrière d'un entomologiste dépend fortement de sa capacité à publier des travaux reconnus et à développer une expertise pointue dans son domaine de spécialisation.
Après plusieurs années d'expérience en tant que chargé de recherche, vous pouvez évoluer vers un poste de directeur de recherche ou de responsable d'unité au sein d'organismes comme l'Inrae, le CNRS ou l'IRD. Cette progression s'accompagne d'une dimension managériale importante puisque vous encadrez alors une équipe de chercheurs, doctorants et techniciens.
La voie de l'enseignement supérieur représente une alternative privilégiée. En devenant maître de conférences puis professeur d'université, vous partagez votre temps entre recherche fondamentale et transmission des savoirs auprès des étudiants. Ce statut d'enseignant-chercheur offre une grande liberté dans l'orientation de vos projets scientifiques.
Certains entomologistes expérimentés choisissent l'indépendance en créant leur bureau d'études spécialisé. Cette activité de conseil auprès des collectivités territoriales, des agriculteurs ou des entreprises nécessite toutefois une solide expertise et un carnet d'adresses étoffé pour assurer une activité régulière.
Enfin, votre expertise scientifique peut vous mener vers des fonctions d'expert auprès d'instances nationales ou internationales. Vous participez alors à l'élaboration de politiques publiques en matière de biodiversité, de santé publique ou de protection des cultures, en apportant votre éclairage scientifique aux décideurs.
Votre futur environnement de travail
Le quotidien de l'entomologiste se partage entre laboratoire et terrain. Si vous intégrez un organisme de recherche public comme l'Inrae, vous passerez la majeure partie de votre emploi du temps au laboratoire à analyser vos échantillons sous loupe binoculaire et exploiter vos données. Le reste du temps, vous serez sur le terrain pour réaliser des inventaires et des prélèvements. Cette alternance exige une grande adaptabilité entre le confort du laboratoire climatisé et les conditions extérieures parfois rudes.
Dans le secteur privé, au sein de bureaux d'études environnementales, le rythme s'intensifie avec des déplacements plus fréquents. Vous collaborez avec des écologues et agronomes sur des missions d'expertise courtes. La pression des délais se fait davantage sentir qu'en recherche fondamentale.
En organisme public, vous disposez d'un bureau et d'équipements de pointe. Le télétravail reste limité car la présence physique en laboratoire ou sur le terrain demeure indispensable. Les horaires sont généralement de journée, mais les campagnes de piégeage nocturne peuvent occasionner des horaires atypiques.
Avantages et inconvénients
Si l'entomologie séduit par son approche concrète du vivant et ses applications variées, elle impose également des contraintes qu'il convient d'anticiper avant de s'engager dans cette voie.
Avantages
- Diversité des missions : vous alternez entre travail de laboratoire, sorties terrain et rédaction scientifique, ce qui brise la monotonie et permet de varier les approches tout au long de l'année selon les saisons et les cycles biologiques des espèces étudiées.
- Contribution à la préservation de la biodiversité : vos travaux participent directement à la compréhension et à la protection des écosystèmes, avec un impact concret sur les politiques environnementales et agricoles.
- Liberté intellectuelle en recherche publique : une fois titularisé, vous bénéficiez d'une grande autonomie pour orienter vos recherches vers les thématiques qui vous passionnent.
- Dimension internationale : les collaborations scientifiques, les missions à l'étranger et les congrès internationaux enrichissent votre pratique et élargissent votre réseau professionnel.
Inconvénients
- Insertion professionnelle difficile : le nombre de postes reste très limité, particulièrement dans la recherche publique. Vous devrez probablement enchaîner plusieurs contrats courts (CDD, post-doctorats) avant de décrocher un poste stable.
- Conditions de terrain pas toujours agréables : les relevés s'effectuent parfois dans des conditions physiquement éprouvantes avec des températures extrêmes, des terrains escarpés et une exposition prolongée aux éléments naturels.
- Rémunération modeste en début de carrière : les salaires du secteur public restent contenus comparés à d'autres professions scientifiques de même niveau de qualification, et la progression salariale s'avère lente.
Le métier d'entomologiste est-il concerné par les progrès de l'intelligence artificielle ?
L'intelligence artificielle transforme progressivement certaines missions de l'entomologiste, particulièrement dans l'identification des espèces. Des algorithmes de reconnaissance d'images analysent désormais automatiquement les photographies d'insectes et proposent des identifications avec un taux de fiabilité croissant.
Ces outils accélèrent considérablement le traitement des inventaires de biodiversité qui nécessitaient auparavant des centaines d'heures d'analyse sous loupe binoculaire.
Toutefois, l'IA reste un assistant et non un substitut. L'expertise humaine demeure indispensable pour valider les identifications douteuses, interpréter les données écologiques complexes et proposer des stratégies de gestion adaptées aux contextes locaux. Plutôt que de craindre ces technologies, appropriez-vous-les pour gagner en efficacité sur les tâches répétitives et consacrer davantage de temps à l'analyse scientifique et à la recherche de terrain, qui constituent le cœur de votre expertise.
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