Comment devenir conteur
Héritier d'une tradition orale millénaire, le conteur perpétue un art vivant qui fascine toutes les générations. Ce métier exige bien plus que la simple lecture d'une histoire : il s'agit d'incarner des personnages, de maîtriser les intonations et d'utiliser les silences pour captiver son public.
Quel est le rôle d'un conteur ?
Le conteur, également appelé lecteur-conteur, pratique l'art de mettre en voix des récits dans la tradition orale. Contrairement à une simple lecture, il incarne les personnages, joue sur les rythmes et crée une atmosphère unique grâce à sa voix et sa présence scénique. Chaque spectacle devient un moment de partage où l'imaginaire prend vie.
Ses missions principales :
- animer des spectacles de contes pour différents publics (enfants, adolescents, adultes)
- sélectionner et adapter des récits issus du patrimoine oral ou créer ses propres histoires
- maîtriser l'art de la narration en variant les intonations, les rythmes et les silences
- incarner les personnages tout en maintenant le fil narratif
- intervenir dans des établissements scolaires, médiathèques, centres culturels, entreprises ou festivals
- animer des ateliers de pratique du conte pour transmettre cet art
- concevoir la scénographie et les éléments visuels accompagnant le récit si nécessaire
Quelle formation pour devenir conteur ?
Le métier de conteur n'étant pas réglementé, aucun diplôme spécifique n'est exigé pour l'exercer. Néanmoins, suivre une formation permet d'acquérir les techniques vocales, narratives et scéniques indispensables à une pratique professionnelle de qualité et gagner en légitimité auprès du public comme des programmateurs.
Les parcours des conteurs sont variés. Beaucoup possèdent un socle de formation littéraire, théâtrale ou artistique avant de se spécialiser dans l'art du conte.
Exemples de formations
Niveau bac
- Baccalauréat général à dominante littéraire
Niveau bac +3
- Licence de Lettres ou Lettres modernes
- Licence d'Arts du spectacle
- BUT Carrières sociales, parcours Animation sociale et socioculturelle
- Licence d'Ethnologie ou d'Anthropologie (pour approfondir la dimension culturelle des contes)
Formations spécialisées et professionnelles :
- Formation professionnelle à l'art du conte au Conservatoire contemporain de littérature orale de Vendôme (formation initiale ou stages courts) - peut se réaliser partiellement à distance
- Stages de perfectionnement proposés par des centres culturels et associations spécialisées - peuvent se réaliser à distance
- Formations théâtrales au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) ou dans des écoles d'art dramatique
- Cours de théâtre et d'expression scénique avec des professionnels ou au sein de troupes
Au-delà des diplômes, c’est surtout la pratique régulière qui constitue la meilleure école. Ainsi, participer à des scènes ouvertes permet de s’aguerrir progressivement face au public. Par ailleurs, intégrer une troupe de conteurs offre l’occasion de bénéficier de retours de professionnels et d’enrichir son expérience.
Pour aller plus loin, vous pouvez également envisager un accompagnement avec un coach spécialisé, afin d’affiner sa technique narrative et de travailler des points précis. Enfin, l’exploration de répertoires variés (contes traditionnels, légendes urbaines ou récits contemporains) aide non seulement à élargir son horizon, mais aussi à trouver sa propre voix et à se démarquer.
Quelles sont les qualités requises pour devenir conteur ?
La pratique du conte demande de solides compétences artistiques et techniques, indispensables pour captiver un public seulement grâce à votre voix et votre présence.
Les qualités humaines
- L'éloquence et le sens du récit forment le cœur de votre métier : vous devez savoir moduler votre voix, jouer sur les rythmes et utiliser les silences pour maintenir l'attention.
- Une sensibilité littéraire aiguisée vous permettra de comprendre la profondeur des textes, d'en saisir les nuances et de restituer fidèlement l'intention des auteurs.
- La créativité s'avère indispensable pour adapter les contes à votre public, créer vos propres récits ou improviser lorsque nécessaire. Par exemple, face à un public d'enfants agités, vous devrez ajuster votre narration en accélérant le rythme ou en renforçant l'aspect interactif du conte.
- Votre résistance au stress vous aidera à rester concentré lors de spectacles, même face à des imprévus techniques ou des réactions inattendues du public.
- Le sens du contact et l'adaptabilité vous permettront de vous ajuster rapidement à des contextes variés, qu'il s'agisse d'une classe maternelle ou d'un festival pour adultes.
Les compétences techniques incontournables
- Maîtrise des techniques vocales (projection, articulation, modulation, respiration)
- Compréhension approfondie des structures narratives et des différents types de contes
- Capacité à incarner plusieurs personnages par la voix sans accessoires ni costumes
Les compétences techniques complémentaires
- Culture générale et artistique étendue pour enrichir vos récits
- Notions de mise en scène et de scénographie pour créer une ambiance
- Compétences en animation d'ateliers pour diversifier votre activité
Quel est le salaire d'un conteur ?
Le statut, la notoriété et le nombre de prestations réalisées sur une période donnée impactent fortement la rémunération du conteneur.
- En début de carrière : Un conteur débutant peut espérer gagner entre 15 000 et 20 000 euros brut par an, soit environ 1 000 à 1 330 euros net par mois. Ces revenus proviennent de multiples prestations ponctuelles (50 à 150 euros par spectacle).
- Après 5 ans d'expérience : La rémunération évolue entre 22 000 et 27 000 euros brut par an, soit 1 460 à 1 790 euros net par mois. Un conteur confirmé peut facturer entre 400 et 600 euros par spectacle.
Ces chiffres masquent une réalité difficile : la majorité des conteurs exercent à temps partiel, en complément d'un autre emploi. Les revenus dépendent du nombre de dates obtenues, qui fluctue selon les saisons. Les périodes estivales et les fêtes de fin d'année offrent davantage d'opportunités.
En intermittent du spectacle, vous bénéficiez d'une protection sociale mais devez atteindre un nombre minimum d'heures. En auto-entrepreneur, vous gardez l'autonomie mais assumez toutes les charges sans garantie de revenus réguliers.
Les perspectives d'évolution pour votre carrière
Le métier de conteur offre des perspectives d'évolution limitées en raison de sa structure professionnelle atypique, avec des postes salariés rares et une majorité d'exercice en indépendant.
Avec l'expérience, vous pouvez progressivement augmenter vos tarifs et vous produire sur des scènes prestigieuses, dans des festivals nationaux ou internationaux. Certains conteurs se tournent vers la transmission en devenant formateurs et en animant des stages d'initiation à l'art du conte. D'autres créent leur propre compagnie de spectacles vivants pour monter des projets pluridisciplinaires mêlant conte, musique ou théâtre.
Vous pouvez également décrocher un poste d'animateur culturel ou de médiateur dans une médiathèque, bibliothèque ou centre social. Élargir vos compétences vers la lecture à voix haute, le théâtre ou l'écriture permet de multiplier les opportunités et de stabiliser vos revenus.
Votre futur environnement de travail
Vous évoluerez dans des lieux extrêmement variés. En milieu scolaire, vous vous adapterez au rythme des établissements avec des séances face à des classes parfois peu habituées au silence, dans une ambiance dynamique où vous devrez captiver l'attention. Dans les médiathèques et bibliothèques, vous bénéficierez d'un cadre feutré propice à la concentration, avec un public plus attentif et familier du conte.
Lors de festivals ou dans des salles de spectacle, vous goûterez à l'effervescence des coulisses et aux échanges avec d'autres artistes. Ces moments contrastent avec les interventions plus intimes en maisons de retraite ou centres sociaux, où l'enjeu sera davantage le lien social que la performance pure.
Au quotidien, vous travaillerez en totale autonomie sur la préparation de vos spectacles. Vos interlocuteurs privilégiés seront les programmateurs culturels, les enseignants et les bibliothécaires.
La mobilité géographique rythme votre semaine : vous passerez du temps sur la route entre différents lieux d'intervention. Les horaires sont irréguliers : matinées en milieu scolaire, soirées lors de manifestations culturelles, weekends pendant les festivals. Cette flexibilité exige une excellente organisation personnelle.
Avantages et inconvénients du métier
L'art du conte séduit par sa dimension humaine et créative, mais cache également des réalités économiques difficiles qu'il est essentiel de connaître avant de s'engager dans cette voie.
Avantages
- Liberté artistique totale : Vous choisissez vos répertoires, créez vos spectacles et développez votre univers sans contrainte hiérarchique.
- Diversité des publics et contextes : Chaque prestation est unique : vous passerez d'une classe maternelle à un festival pour adultes, d'une bibliothèque à un théâtre.
- Impact social fort : Transmettre le patrimoine oral, éveiller l'imaginaire des enfants et créer des moments de partage intergénérationnel confèrent un sens à votre activité.
Inconvénients
- Précarité financière importante : Les revenus sont irréguliers et souvent insuffisants pour vivre exclusivement de cette activité. La majorité des conteurs cumulent plusieurs emplois ou exercent à temps partiel, ce qui génère stress et instabilité.
- Marché professionnel restreint : Les opportunités de prestations restent limitées et concentrées sur certaines périodes. Développer son réseau et se faire connaître demande des années d'efforts sans garantie de succès.
- Isolement professionnel : Vous travaillez le plus souvent seul, sans équipe ni structure d'accompagnement. Cette solitude professionnelle peut peser sur le moral et compliquer la gestion administrative de votre activité.
Quelle formation continue pour un conteur déjà en exercice ?
La formation continue joue un rôle clé dans l'évolution de votre pratique. L'art du conte étant un métier vivant, maintenir et enrichir vos compétences exige un engagement régulier.
Vous pouvez approfondir vos techniques narratives en suivant des stages de perfectionnement proposés par des centres culturels spécialisés. Ces formations courtes, souvent de quelques jours à une semaine, permettent de travailler sur des aspects spécifiques : techniques vocales avancées, construction dramaturgique, improvisation. Certaines peuvent se réaliser à distance sous forme de modules vidéo ou visioconférences.
Explorer de nouveaux répertoires constitue également une démarche formatrice. Si vous travaillez les contes traditionnels européens, initiez-vous aux contes africains, asiatiques ou aux légendes amérindiennes. Le storytelling contemporain ou le conte urbain élargiront votre palette et vous ouvriront de nouveaux publics. Les formations complémentaires en théâtre, chant ou création sonore enrichiront votre pratique.
Vous pouvez mobiliser votre Compte Personnel de Formation (CPF) pour financer ces parcours, à condition que la formation soit certifiante et l'organisme certifié Qualiopi.
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