Du secteur bancaire à la peinture décorative : la reconversion réussie d'Anne-Sophie

La dernière fois qu'Anne-Sophie s'est rendue au parc Astérix ou à Disneyland, ce n'était pas pour profiter des derniers manèges à sensations ! En réalité, son travail n'en était pas moins réjouissant : elle œuvrait dans les coulisses pour insuffler de la magie en concevant les décors encore inconnus du public. Une mission bien éloignée de ses débuts dans le secteur bancaire. Décidée à redessiner son avenir professionnel, elle a bénéficié d'un financement Transitions Pro pour se former au métier de peintre décorateur, et se consacre désormais à des projets aussi variés qu'exaltants.
Quel a été votre parcours de formation ?
J'ai fait un bac littéraire avec une option arts plastiques. J'ai aussi un DEUG de médiation culturelle, mais à l'époque je ne voyais pas vraiment les débouchés possibles. Lors d'un job d'été, j'ai eu l'occasion de travailler dans une banque, une expérience qui m'a plu et qui m'a motivé à rejoindre ce secteur. Au début, j'étais à l'accueil, puis j'ai obtenu un CDI, ce qui m'a permis d'acquérir une certaine stabilité. J'ai travaillé en front (accueil), en middle (administratif et accueil) et mon dernier poste était au back-office (100% administratif), au SAV des crédits à la consommation. Au total, j'ai passé 13 ans dans le secteur bancaire !
Quel a été le déclic pour votre reconversion ?
À la base, je voulais absolument aller en back-office, et j'y suis parvenue. Mes missions étaient variées, mais après avoir changé de services deux fois, je ne me voyais pas évoluer dans ce domaine où certaines tâches peuvent être répétitives. Quand j'ai eu 30 ans, j'ai donc commencé à me poser de vraies questions : Qu'est-ce que je voulais vraiment faire de ma vie ? Où pourrais-je me diriger en dehors du domaine bancaire ? Ayant besoin d'un accompagnement structuré, j’ai alors entrepris un bilan de compétences.
À quoi a servi ce bilan de compétences ?
Ça m'a confirmé que j'étais faite pour un métier manuel et artistique, même si le bilan n'a pas précisé lequel. Entre temps, j'ai découvert le métier de peintre décorateur sur Internet et je me suis dit c'est ça ! Mais quitte à faire une reconversion, je ne voulais pas prendre trop de risques, car il y a beaucoup d'enjeux. C'est vraiment effrayant de quitter un domaine familier pour quelque chose de totalement nouveau. Je suis quelqu'un de prudente, alors j'ai vraiment bien préparé mon projet pour savoir où je mettais les pieds.
Comment avez-vous financé votre formation ?
J'ai entendu parler de Transitions Pro, mais on m'a tout de suite prévenue : "attention, c'est très difficile d'avoir un financement, ça ne marchera jamais". Heureusement, je ne les ai pas écoutés ! J'ai monté un premier dossier... qui n'a pas été accepté. J'ai persévéré et après trois tentatives et deux recours, mon dernier dossier a été validé. Pour recevoir une réponse positive, il faut répondre à différents critères, mais aussi garantir que notre projet est viable, solide et présente de réelles perspectives d'embauche. C'est bel et bien le cas pour le métier que j'ai choisi !
Avez vous rencontré des difficultés durant votre reconversion ?
Je voulais faire un stage pour confirmer mon projet professionnel, mais pour ça, il fallait être inscrit dans une école. J'ai donc fait une PMSMP (Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel), un dispositif qui permet de découvrir un secteur ou un métier. Pendant une semaine, j'ai pu me rendre dans un atelier de décor, ce qui m'a permis de me familiariser avec cet univers. J'ai aussi fait des enquêtes métiers, j'ai interrogé des professionnels du milieu, ce qui m'a permis de me créer un réseau en amont. Tout cela a renforcé mon dossier pour Transitions Pro.
Comment avez-vous choisi votre formation ?
J'avais donc pour objectif de me former au métier de peintre décorateur, quitte après à me spécialiser dans les accessoires de décors. J'ai hésité entre deux écoles, mais j'ai privilégié celle qui proposait une option spectacles, Artémisia Formation à Paris. J'ai commencé en septembre 2022 pour une durée de 9 mois. On a appris beaucoup de techniques complémentaires en plus du parcours initial, ce qui m'est très utile aujourd'hui.
Comment s'est organisée votre recherche d'emploi ?
À la fin de la formation, on avait un stage obligatoire de trois semaines, et j'avais commencé à envoyer des CV. Pour ma part, je l'ai fait au parc Astérix. Je savais que le parc Astérix avait un département accessoires-spectacles et je leur ai ensuite proposé mes services. Je n'avais pas de formation spécifique, mais je voulais apprendre, et j'ai passé quatre mois là-bas en tant qu'accessoiriste.
Après j'ai travaillé pour AAB, qui collaborait avec Disney, et j'ai eu la chance de participer à la décoration des chars de la parade. Je suis restée avec eux en tant que salariée pour travailler sur Frozen pendant 6 mois. Pour le moment, la recherche d'emploi se fait assez simplement, le réseau reste légion. J'ai rapidement créé mon autoentreprise ANSO DECO car je ne voulais pas me limiter en termes d'opportunités et de chantiers. Ce statut me ressemble plus que l'intermittence.
C'est vrai que c'est assez stressant quand on a uniquement connu des CDI, mais je me dis que je commence à me faire un réseau et que les opportunités sont au rendez-vous. Et même s'il y a des jours off, ce n'est pas grave, on peut en profiter pour prendre du temps pour soi !
Quelles sont vos sources de satisfaction dans le métier de peintre décorateur ?
On fait parfois des grosses journées, mais c'est un plaisir, et puis voir la satisfaction du client, c'est incroyable. On a la possibilité de travailler dans des domaines tellement variés, pour des particuliers comme pour des professionnels. On peut être dans des décors de cinéma, dans des parcs d'attraction, dans plein de secteurs, donc c'est très vaste, et c'est ça qui me plait dans ce métier.
Par exemple, je viens de finaliser un chantier à Royan, de fresques murales pour un laboratoire, chaque salle avait une thématique différente, donc là on sort de trois semaines de chantier, c'était super. J'ai fait de la résine, j'ai appris à bien maîtriser cette compétence. Chaque chantier nous apprend quelque chose.
Quels sont vos projets d'évolution pour la suite de votre carrière ?
J'aimerais continuer à développer mes compétences et à me perfectionner, notamment en sculpture et en dorure. Peut-être envisager un poste de responsable, mais cela semble un peu prématuré pour l'instant. Pour le moment, l'idéal serait plutôt de voyager à l'étranger et de travailler sur des projets toujours plus grandioses !
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaiteraient se reconvertir ?
Il est important d'essayer ! N'hésitez pas à demander à d'autres personnes si elles connaissent des gens dans ce domaine. Personnellement, c'est grâce à des personnes qui avaient entendu parler de Transitions Pro que j'ai eu l'information et que j'ai pu démarrer ma reconversion, sinon je n'en aurais peut-être jamais entendu parler. Maintenant, je fais un max de communication : chaque fois que quelqu'un fait part de son souhait de changer de métier, je lui demande "Tu connais Transitions Pro ?".
Je leur dirais également qu'un bon relationnel est essentiel car, au-delà du travail d'équipe, quand on est autoentrepreneur, il faut savoir se vendre, inspirer confiance aux clients et bien cerner leurs besoins. C'est donc du relationnel à 100%. En résumé, même si ça fait peur, il faut se lancer ! Si ça ne fonctionne pas, tant pis, mais au moins on ne vivra pas avec des regrets.
Plongez dans l'univers créatif d'Anne-Sophie et découvrez ses décors uniques sur Instagram : @anso.deco