Comment se reconvertir quand on est en CDI : le guide

Exercer un métier passion, se sentir utile, être pleinement aligné avec ses missions, trouver un meilleur équilibre pro-perso, telles sont les motivations de nombreux actifs qui souhaitent se réorienter. Le sentiment de s’être trompé de route professionnelle n’est pas rare : plus d'un Français sur deux envisage de changer de métier selon le baromètre de l'emploi et la formation, publié le 27 mars 2023 par Centre Inffo.

Repartir d’une page blanche peut sembler stimulant lorsque l’on s’ennuie depuis plusieurs années au bureau. Mais, lorsqu’on a un contrat stable et sécurisant, prendre la décision de quitter un emploi pour repartir sur de nouveaux terrains professionnels n’a rien de facile. Pour réduire les risques d’échec, de nombreux dispositifs permettent d’opérer une transition en douceur. Dans cet article, découvrez comment réussir votre reconversion professionnelle tout en étant en CDI !

Définir son projet avant d’entamer sa reconversion professionnelle quand on est en CDI

Faire le point sur ses envies

Ça a commencé par une petite voix dans votre tête. D’abord, un murmure. Puis, elle est devenue petit à petit plus bruyante… Et si vous changiez de métier ?

Avant de lancer toute démarche, vous pouvez vous interroger sur votre envie de reconversion et réfléchir à ces questions :

• Qu’est-ce qui ne me convient pas dans mon emploi actuel ? Est-ce que cela vient de la profession exercée ou de l’entreprise où elle est pratiquée ?
• Quelles sont les tâches que je voudrais faire ? Quelles sont les tâches que je ne veux plus réaliser ?
• Quelles sont mes compétences phares ?
• Quels sont les métiers dans lesquels j’aimerais me reconvertir ?
• Quels sont les secteurs qui recrutent ? Quels sont les métiers en tension ?
• Suis-je prêt à cesser mon activité professionnelle pour revenir sur les bancs de l’école ?
• Quels sont mes besoins et contraintes, notamment en termes de revenus ou d’emploi du temps, lors des prochains mois ou des prochaines années ?

Avec ces premières réponses, vous pourrez entamer votre réflexion pour votre reconversion. D’une question à l’autre, des pistes vont se dessiner.

Faire appel à un CEP

Pour aller plus loin, vous pouvez vous adresser à un conseiller en évolution professionnelle (CEP). Connaissez-vous ces spécialistes en orientation avec qui vous pouvez échanger gratuitement ? Aides possibles concernant votre situation, dispositifs favorisant les reconversions, formations : ces professionnels détiennent de précieuses informations ainsi que de nombreux conseils à vous délivrer.

Réaliser un bilan de compétences

Pour une réflexion plus soutenue sur votre avenir professionnel, vous pouvez choisir de réaliser un bilan de compétences en vous engageant à travailler plusieurs heures avec un expert ou un coach.

Vous reviendrez avec lui sur l’ensemble de votre parcours professionnel : vos études, vos forces, vos faiblesses, vos savoir-faire et les formations à envisager. Ces séances d’échanges peuvent prendre aussi la forme de tests et d’exercices.

Faire un bilan de compétences

Se former à un nouveau métier

Après avoir fait le point, même si certaines de vos compétences se révèlent transférables, une formation est sans doute nécessaire pour exercer votre nouveau métier. Plusieurs cas de figure s’offrent à vous : vous former pendant votre temps de travail, en dehors des horaires de bureau ou bien après avoir quitté votre entreprise.

Acquérir de nouvelles compétences pendant son temps de travail

Si vous êtes prêt à communiquer à votre employeur votre projet de reconversion, vous pouvez faire une demande de formation pendant votre temps de travail grâce au dispositif Projet Transition Pro (PTP).

Pour y avoir droit, il faut être salarié, disposer d’une certaine ancienneté et avoir choisi de réaliser une formation certifiante. Si votre projet de formation est validé, vous vous formez à un nouvel emploi tout en continuant à percevoir une rémunération (égale à un pourcentage du salaire de référence sur les douze derniers mois) et votre contrat de travail est maintenu. En plus, les frais de formation sont généralement partiellement ou totalement pris en charge. Le pari est ainsi beaucoup moins risqué car, si vous souhaitez finalement reprendre votre ancien poste après la formation, c’est aussi possible.

Les associations Transitions Pro sont présentes dans chaque région. Leurs conseillers vous aideront à monter votre dossier : motivation, cohérence du projet et débouchés sont ainsi examinés pour obtenir la prise en charge.

À noter : votre employeur ne peut pas refuser votre demande de formation si vous avez l’ancienneté nécessaire pour la réaliser, mais pourra la décaler dans le temps (jusqu’à 9 mois).

Compléter ses savoir-faire en dehors de ses heures de bureau

Si vous préférez garder votre projet confidentiel, pourquoi ne pas prendre des cours du soir ou élargir vos compétences durant les week-ends ? Grâce au numérique, de nombreuses formations se déroulent à distance désormais et facilitent l’organisation des apprenants sur leur temps libre.

Bien entendu, il vous appartient d’estimer si cela est compatible avec votre rythme de vie. Mais, cela reste un bon moyen de voir si ce métier convoité peut vous plaire. Si, finalement en suivant les cours, vous n’adhérez pas au contenu, vous gardez votre poste sans que votre employeur se doute de votre envie de changement.

Suivre une formation en ligne

Quels dispositifs utilisés dans le cadre d’une reconversion ?

Le CPF

Grâce au Compte Personnel de Formation (CPF), chaque actif cumule des droits de formation chaque année. Il décide de les utiliser comme il l’entend, il n’est pas dans l’obligation de prévenir l’employeur de son utilisation, sauf s’il effectue sa formation pendant ses heures de travail. Pour connaître vos droits en matière de formation, il suffit de vous connecter sur la plateforme Mon Compte Formation en créant vos identifiants.

Trouver une formation éligible au CPF

Le VAE

La validation des acquis par l’expérience (VAE) valorise l’expérience de l’individu. Grâce à ces années travaillées à un poste, il peut obtenir un diplôme ou une certification professionnelle inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Cela vaut pour des expériences professionnelles, mais aussi pour des expériences personnelles, bénévoles, des responsabilités syndicales ou des mandats électoraux.

Bon à savoir : le travailleur peut demander à son employeur un congé pour préparer sa VAE ainsi que pour se rendre aux épreuves de validation.

Réaliser une VAE

Le certificat Cléa

Destiné aux salariés et demandeurs d’emploi n’ayant pas de diplôme, le certificat Cléa atteste des savoirs de base, comme la communication en français, le travail autonome dans le but de réaliser un objectif, etc. Cette certification peut aussi être un atout lors d’une reconversion que ce soit pour une candidature à une formation ou à un emploi.

Le pro-A (alternance)

Le dispositif pro-A a pour but de favoriser la réussite de la reconversion grâce à une certification préparée en alternance. Cette mise en situation concrète de l’apprenant lui permet d’acquérir des connaissances théoriques et pratiques en même temps.

Suivre une formation en alternance

Comment quitter un CDI pour se réorienter ?

La rupture conventionnelle

Ce mode de rupture du contrat de travail entre un employeur et son salarié peut être fait à la demande de l’une des deux parties, l’important est qu’ils s’entendent sur les conditions du départ.

Réussir à décrocher une opportunité dans un nouveau secteur ou un nouvel emploi peut prendre du temps. Pour le salarié qui souhaite se réorienter, obtenir une rupture conventionnelle est un véritable atout, car il peut se former pendant sa période de chômage ou chercher un emploi dans sa nouvelle profession plus sereinement en touchant une allocation.

Le dispositif Démission-reconversion

Lorsqu’un salarié démissionne, il n’est pas éligible à l’ouverture de droits au chômage. Mais le dispositif Démission-reconversion, qui peut être accordé par l’association Transitions Pro, permet exceptionnellement d’y avoir droit en cas de démission. Pour cela, le salarié doit s’entretenir avec un conseiller en évolution professionnelle (CEP) et constituer un dossier de candidature. Une commission paritaire est ensuite chargée d’étudier la faisabilité du projet et décide de le soutenir ou non. Lorsque vous obtenez une réponse positive, vous pouvez poser votre démission et vous inscrire à France Travail.

Mais, comment mettre toutes les chances de votre côté pour obtenir ce précieux sésame vers votre nouvelle carrière ? Déjà, il vous faudra avoir travaillé cinq années en continu. Seront jugés le caractère « réel » et « sérieux » du projet et votre capacité à réussir dans cette nouvelle voie.

Comme vous l’avez vu, en France, il existe de nombreuses possibilités d’accompagnement tout au long de votre projet de reconversion même si vous êtes en CDI. Des aides et dispositifs qui vous permettront d’avancer sereinement vers votre nouvel objectif professionnel et permettront de dissiper les craintes de quitter un contrat durable.

©Nuthawut - stock.adobe.com