Comment devenir thanatopracteur

Prendre soin des morts est une responsabilité qui doit revenir à des professionnels qualifiés, car il touche à une activité funéraire. Le métier de thanatopracteur, appelé aussi "embaumeur" fait partie des métiers dits "de vocation".
Procéder à des soins qui visent à rendre le corps d'un défunt présentable et retarder sa dégradation est en effet une mission délicate qui n’est pas donnée à tout le monde. Car elle fait partie intégrante de l’accompagnement d'un processus de deuil. Comment devenir thanatopracteur ? Zoom sur un métier peu commun, nécessaire et éprouvant.
Quel est le rôle d'un thanatopracteur ?
Le thanatopracteur prodigue des soins au défunt avant sa crémation ou sa mise en bière selon une procédure rigoureuse qui comporte plusieurs phases :
- Préparer le matériel et le corps (déshabillage, lavage, désinfection pour prévenir tout risque sanitaire)
- Extraire les gaz et les fluides corporels grâce à une technique de ponction
- Réaliser les soins de conservation, notamment via l’injection de formol dans les artères
- Restaurer le corps s’il est endommagé à l’aide de cire et de coton. Cette étape peut prendre plus de temps en cas de mort violente (ex : accident de voiture).
- Procéder à la "toilette mortuaire", aussi appelée « maquillage mortuaire » : le thanatopracteur délivre des soins de présentation qui incluent l'habillage, le maquillage et le coiffage du défunt pour qu'il soit présentable lors des funérailles. Il procède ensuite à la fermeture des paupières et de la mâchoire de la personne décédée afin de lui rendre une expression paisible et sereine.
Quelles sont les qualités requises pour devenir thanatopracteur ?
On ne s’improvise pas thanatopracteur ! Voici les principales qualités humaines et compétences techniques que vous devrez développer pour préserver l’intégrité physique du défunt et faciliter le deuil des familles :
Les soft skills :
- le métier de thanatopracteur nécessite un bon équilibre personnel, une grande maîtrise de soi et une capacité à se détacher de ses émotions. Travailler seul pendant plusieurs heures sur le corps d'un défunt dans l’isolement de la chambre funéraire, être confronté à la tristesse des familles endeuillées ou encore restaurer le corps d'enfants ou de victimes d’accidents tragiques peut être difficile sur le plan psychologique.
- Cette stabilité émotionnelle devra s'accompagner d'une bonne condition physique notamment pour porter et déplacer les corps lors des différentes manipulations, mais aussi parce qu’il exerce majoritairement debout.
- Lorsque le métier s’exerce dans l’intimité silencieuse d'une chambre funéraire, le thanatopracteur devra faire preuve d'une grande humilité. Quand il intervient au domicile des familles, il doit faire preuve d’empathie et d’une discrétion absolue.
Les compétences techniques :
- Une formation solide préparera les futurs thanatopracteurs à l’art restauratif, mais permettra aussi d’apprendre des aspects de la médecine légale depuis la microbiologie jusqu’à l’hygiène en passant par la toxicologie.
- Outre la parfaite connaissance des étapes et des techniques de soins, devenir thanatopracteur demander rigueur, technicité et méticulosité dans les gestes comme dans le respect des procédures d'hygiène et de sécurité.
- Des compétences en gestion administrative sont utiles pour certaines démarches (retrait d’une prothèse). C’est d’autant plus le cas lorsque le thanatopracteur exerce à son compte.
Quelle formation pour devenir thanatopracteur ?
Pour exercer ce métier, il faut obligatoirement obtenir le diplôme national de thanatopracteur créé en 1994 pour encadrer la profession. Accessible après le bac, il est reconnu par le ministère de la Santé. Cette formation de 2 ans comprend une partie théorique et pratique.
L’enseignement théorique couvre plusieurs disciplines avec au programme des modules de microbiologie, d'anatomie, des cours sur les soins de conservation, sur la médecine légale, sur la réglementation funéraire, mais aussi sur les éléments de déontologie et d’éthique.
Le volet pratique se concrétise par un stage d'une durée d'un an. Pour le valider, le futur professionnel doit effectuer 100 opérations de soins de conservation complets. L'obtention du diplôme national est conditionnée par la réussite d'une évaluation finale comprenant deux épreuves : une composition écrite de six heures testant les connaissances théoriques multidisciplinaires, et une épreuve pratique de soins de conservation démontrant la maîtrise technique et le savoir-faire professionnel acquis.
Cette formation peut notamment s’effectuer dans les universités de Lyon et d’Angers. L’accession est très sélective avec un examen d'entrée et un Numerus clausus. Parallèlement au secteur public, de nombreux établissements privés spécialisés dispensent également des formations en thanatopraxie, offrant parfois une plus grande flexibilité pédagogique avec la possibilité de se former à distance. Le coût de la formation peut toutefois être plus important.
Quelle formation continue pour devenir thanatopracteur ?
En France, la thanatopraxie est un métier d'avenir, car il est de plus en plus fréquent de faire appel à un professionnel pour s'occuper d'un défunt. Ce contexte favorise la formation continue que ce soit dans le cadre d'une reconversion ou d'une recherche d'emploi.
Il est courant que certains professionnels de la santé comme des aides-soignants souhaitent ensuite devenir thanatopracteurs. Ils pourront être employés dans une société de pompes funèbres, travailler pour des hôpitaux ou des écoles de médecine.
Si vous envisagez ce métier, différentes voies sont possibles. Utiliser votre Compte Personnel de Formation (CPF) est une première possibilité. Il peut vous permettre de financer une partie de votre formation grâce au budget cumulé pendant vos années travaillées. En effet, chaque année salariée vous rapporte 500 euros versés directement sur votre compte.
Vous êtes en recherche d’emploi ? France Travail peut dans certaines conditions vous aider à financer votre parcours de formation. Renseignez-vous auprès de votre agence la plus proche ou sur le site officiel. Les aides régionales font également partie des pistes de financement à explorer.
Effectuer une VAE est aussi un bon moyen de réaliser votre formation et d’obtenir un diplôme en thanatopraxie tout en valorisant votre expérience professionnelle.
Enfin, dans le cadre d’une reconversion, le projet transition professionnelle peut vous permettre de financer votre formation certifiante tout en bénéficiant d’un droit de congé et du maintien de votre rémunération pendant votre formation. Des conditions d’ancienneté seront exigées et vous devrez dans tous les cas adresser une demande à votre employeur.
Votre futur environnement de travail
Le thanatopracteur procède aux soins dans des chambres funéraires, des dépôts mortuaires et plus rarement à domicile. Exerçant le plus souvent en sous-traitance des pompes funèbres ou bien à son propre compte, il collabore régulièrement avec les conseillers funéraires, les maîtres de cérémonie, les professionnels de santé (aides-soignants, infirmiers, médecins légistes), ainsi que les agents de chambre mortuaire.
Travailler au contact de la mort et manipuler des produits toxiques comme le formol n’est pas sans risque. Ainsi, le thanatopracteur doit porter des équipements de protection individuelle pour se protéger : combinaison de protection, lunettes de protection, masque et chaussures adaptées.
Quelle évolution pour un thanatopracteur ?
Après quelques années de pratique, un thanatopracteur salarié pourra envisager l’une de ces deux options :
- monter sa propre entreprise. Cette évolution nécessite cependant l'acquisition de compétences complémentaires essentielles, notamment par le biais de formations spécialisées en création et gestion d’entreprise
- se spécialiser dans l’enseignement pour partager son savoir-faire avec de futurs professionnels.
Quel est le salaire d’un thanatopracteur ?
- Un thanatopracteur débutant gagne entre 1 800 et 2 000 euros brut par mois, soit une rémunération annuelle brute comprise entre 21 600 € et 24 000 €.
- Après plusieurs années d’expérience, un thanatopracteur confirmé peut percevoir près de 2 500 euros brut par mois, soit 30 000 euros brut annuel.
- Le revenu moyen des thanatopracteurs indépendant se situe entre 2500 et 3000 euros brut par mois, mais certains dépassent les 4000 euros grâce à un volume d'interventions élevé.
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