Reconversion : de graphiste à décoratrice-peintre d'intérieur, le témoignage de Caroline

Quoi de plus naturel, lorsqu’on exerce un métier manuel, que de reprendre son avenir professionnel en main ? Découvrez le parcours de reconversion de Caroline !
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Par Istvan Drouyer

Caroline s’est lancée dans une reconversion qui lui permet d’exprimer pleinement sa créativité et d’être sollicitée pour son univers artistique unique. Elle nous raconte son parcours et partage ses conseils, pour ceux qui aimeraient, eux aussi, se réinventer.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

J’habite à la campagne, aux alentours de Rennes, avec mon mari et notre enfant. Nous y sommes installés depuis cinq ans, après avoir vécu en région parisienne.

Quel est votre parcours de formation initiale ?

À la base, j'ai fait un Master en communication graphique à l'ECV à Nantes pour être graphiste. J'ai toujours dessiné, depuis que je suis toute petite. À l’école, je choisissais systématiquement les options arts plastiques, j'ai toujours été attirée par ça.

Après un bac S, j'ai failli bifurquer vers la médecine. Ça a duré un an, c'était un peu le choix "lavage de cerveau" de mes profs (rires). Puis mes parents m’ont dit « Fais ce que tu veux, mais quand même, tu aimes bien dessiner, n’oublie pas. » Finalement, je suis revenue aux arts !

Qu’avez-vous fait après cette formation de graphiste ?

J'ai fait plusieurs stages avant de décrocher mon premier job en région parisienne dans une agence de communication. C’était une petite agence basée à Courbevoie, nous étions quatre en tout, et c’était une très bonne expérience. Je suis restée deux ans et demi avant de rejoindre une autre agence à Paris, toujours dans le même domaine.

Et là, j’ai pris une claque. À l’école, on nous disait qu’avec notre master, on sortait avec un diplôme de directeur artistique et qu’on pouvait prétendre à des postes plus élevés que graphiste avec des salaires conséquents à la clé. Sauf que dans la réalité, on commence tout en bas de l’échelle. D’une part, on est rarement très bien payé, et d’autre part il y a énormément de concurrence.  C’est là que j’ai commencé à me poser des questions et à me demander « Pourquoi je fais ce métier, finalement ? ».

Comment avez-vous amorcé votre reconversion ?

Ça a été assez rapide. J'ai accouché il y a deux ans et, après ça, j’ai vraiment tout remis en question. Certains projets me plaisaient et d’autres moins, comme pour tout le monde j’imagine. Je ne sais pas si toutes les agences fonctionnent pareil, mais dans la dernière où j’étais, nous étions trois ou quatre graphistes sur une commande, et celui qui remportait le projet pouvait continuer dessus.

Je trouvais ça un peu malsain parce que ça instaurait une sorte de compétition qui n'avait pas lieu d'être. Nous étions tous un peu amis, donc on n’avait pas spécialement envie de se battre les uns contre les autres. Et surtout, il n’y avait pas de reconnaissance derrière. Beaucoup de projets ne voyaient pas le jour. De mon côté, j’étais souvent sur des pistes très créatives et originales… Sauf que ce n’était jamais celles qui étaient choisies ! Les clients allaient presque toujours vers ce qui était le plus classique, le plus à la mode.

Je ne voyais pas énormément de possibilités d'évolution. Je savais que je ne serais jamais mieux payé. Et puis à un moment, j'en ai eu un peu marre de faire plein de choses créatives et qu'au final ça finisse à la poubelle. Je me suis dit que j'avais envie qu'on me choisisse pour moi, pour mon univers. C’est parti de là.

Concrètement, comment cette nouvelle activité a-t-elle démarré ?

J’ai peint la chambre de mon fils avant qu'il n'arrive et j’ai adoré faire ça. J’ai reçu beaucoup de compliments, alors je me suis dit : « Pourquoi pas me lancer ? ». À force de travailler sur différents projets, j’ai appris à mieux maîtriser la peinture, et aussi à gérer une entreprise, ce qui est nouveau pour moi. Mais surtout, je fais enfin ce que je veux, et c’est super !

Ce que je voulais retrouver, c'était le côté manuel : aujourd’hui, je fais autant de l'ordinateur que du dessin sur papier, et surtout je touche à tout : illustration, maquette 3D, peinture… C’est très riche ! Parfois, je réalise un projet perso, et des gens me disent : « Ce serait possible d’avoir la même chose pour moi ? » Allez, c’est parti !

Avez-vous rencontré des obstacles particuliers pendant cette reconversion ?

Plutôt d’ordre financier au départ, car les débuts de la vie d’autoentrepreneur sont toujours un peu compliqués. Il faut s’adapter à des revenus irréguliers, contrairement au salariat où chaque mois est stable. Mais c’est surtout tout ce qui touche à la motivation. Le fait de devoir s'imposer un cadre. Quand on est employé, on a des horaires fixes, un cadre et on est porté par l’énergie du collectif.  Tandis que là, c’est à moi d’être rigoureuse. C’est vrai qu’il m’est déjà arrivé de me dire « je n’ai pas dormi de la nuit, tant pis, je vais faire une sieste ! ». Cette liberté peut vite devenir un cercle vicieux si on ne sait pas bien s’organiser.

Comment organisez-vous votre activité au quotidien ?

Ça dépend des projets, mais le début de journée est souvent le même. Je m’installe à mon bureau, je checke mes mails, et je me fais un petit planning pour la matinée, en m’appuyant sur ce que j’avais noté la veille. Ensuite, je priorise mes tâches et j’avance en fonction des priorités.

En quoi vos compétences de graphiste vous sont-elles utiles aujourd’hui ?

Je fais encore pas mal de graphisme, et c’est un vrai plus. Par exemple, j’ai répondu à des appels d’offres où il fallait réaliser des présentations. Certains, étant peintres de métier, n’ont pas forcément le bagage du graphisme. Ils vont juste envoyer un simple dessin… et c’est tout. De mon côté, je prépare une présentation complète, j’explique le processus, le pourquoi, les inspirations, etc. J'ai besoin de tout expliquer. Et à chaque fois, je vois que les gens tombent un peu des nues et disent « Ah, c'est bien, ça change ! ». Donc souvent, ça m'aide, oui. C'est un bon outil qui m'aide à être plus professionnelle avec mes clients.

Qu'est-ce qui vous épanouit le plus dans cette activité ?

C'est tout simplement le fait qu'on vienne vers moi pour mon style. C’est amplement suffisant. Ce n’est même pas une question d’argent, c'est surtout de me dire : « Cette personne m’a choisi parce qu’elle aime ce que je fais. » Et ça, c'est vraiment gratifiant.

Avez-vous des projets d’évolution pour la suite ?

J’ai cette idée en tête depuis un moment, mais je ne sais pas encore si je vais me lancer. Je fais beaucoup de customisation de vêtements, et je me dis souvent que j'aimerais créer une marque de A à Z. C’est un projet qui me plairait bien !

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait se reconvertir dans le même domaine ?

Je dirais qu’il ne faut pas se lancer seul. Se créer un cercle, c’est hyper important pour réussir sa reconversion. Il ne faut pas hésiter à échanger avec des personnes ayant déjà franchi le pas. Faire partie d’un réseau d’entrepreneurs du même domaine, ou même de secteurs complémentaires, aide énormément, notamment pour se recommander des clients ou collaborer sur des projets communs.

Retrouvez les créations de Caroline sur son Instagram : @l_amurette

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