Va-t-on enfin réformer la formation professionnelle ?
Des mois, des années que cela dure... Le précédent gouvernement et l'actuel avaient promis de réformer la formation. Aujourd'hui, si la création d'un compte individuel de formation se profile à l'horizon, les discussions entre l'Etat, le MEDEF et les partenaires sociaux n'en finissent plus et l'issue est toujours aussi incertaine.

Depuis plusieurs semaines, le Premier ministre exhorte le MEDEF à parvenir à un accord et juge même l'organisation patronale responsable du blocage de la situation... Les enjeux sont de taille : simplifier le système, le rendre plus accessible, et surtout en faire profiter les chômeurs en priorité. Si sur 2011 était annoncé le chiffre de 20,8% de chômeurs ayant bénéficié d'une formation, l'Unédic a calculé que sur une année, seulement "8,6% des demandeurs d'emploi sortant du chômage ont pu suivre une formation". L'objectif du Président est qu' "un chômeur sur deux se voit proposer une formation dans un délai de deux mois". La réforme sera également l'occasion de proposer plus de transparence sur les fameux 32 milliards de la formation.
Un système trop complexe et dissuasif
Selon une récente étude de l'Insee, seulement 28% des chômeurs ont bénéficié d'une formation à but professionnel en 2012, contre 49% des actifs. Pire, 55% des chômeurs qui ont souhaité suivre une formation ont dû renoncer pour différentes raisons : coût de la formation trop élevé, manque de soutien du service public de l'emploi... Parmi les autres obstacles sont également cités la difficulté de trouver une formation adaptée, des lieux de formation trop éloignés ou le fait de ne pas avoir le prérequis nécessaire. Et il est paradoxal de constater que les plus diplômés sont les premiers bénéficiaires de la formation professionnelle.
Mais ce n'est pas tout. L'Insee a aussi interrogé les demandeurs d'emploi qui n'avaient pas souhaité suivre une formation sur leurs motivations : 20% ont évoqué le coût trop élevé (de la formation, des transports, de la garde des enfants...), 16% ont estimé ne pas avoir le niveau, 15% ont invoqué des raisons de santé. Des chiffres révélateurs de la méconnaissance qu'ont les chômeurs de leurs droits et de leurs possibilités.
Un patronat qui se déchire
Mais à l'heure actuelle, la réforme semble mal engagée : entre les partenaires sociaux, les discussions sont bloquées. D'un côté, le MEDEF campe sur ses positions et souhaite voir supprimée l'obligation légale pour les entreprises de verser 0,9% de la masse salariale pour participer au financement de la formation. De l'autre côté, la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises) refuse en bloc cette proposition. Pour elle, cela reviendrait "à faire tomber à zéro la formation dans les TPE et PME", financée par les Organismes collecteurs, les OPCA, dont l'un, l'AGEFOS PME, dépend justement de la CGPME. Les syndicats quant à eux, globalement unitaires, revendiquent le droit des salariés à se former sur leur temps de travail sans avoir à demander l'autorisation de leur employeur.
Que "l'argent de la formation aille à la formation"
Bref, faute d'accord ce vendredi 13 décembre, Jean-Marc Ayrault "prendra ses responsabilités". Michel Sapin, le ministre du Travail et de la Formation professionnelle, s'est quant à lui engagé à "clarifier les choses" selon l'AFP, pour que "l'argent de la formation aille à la formation". Il y a urgence puisque la France compte actuellement 3,27 millions de chômeurs et n'en forment que 10%. Et si les spéculations sur l'argent de la formation et sur le montant réel disponible vont bon train, une chose est sûre : le système doit être enfin réformé pour enfin servir ceux qui ont en besoin, les chômeurs en manque de travail et les entreprises en manque de compétence.
EDIT : au termes de longues négociations, patronat, syndicats et gouvernement se sont enfin entendus sur un projet d'accord. Entre autres, le financement va être repensé, un compte personnel de formation créé et pourra être utilisé par les chômeurs sans l'accord de Pôle Emploi... Les détails ici.
(Sources : AFP, Enquête "Formation et emploi 2013" de l'Insee, Rapport de l'Igas - juin 2013, Enquête Unédic "L'accès à la formation des chômeurs indemnisés" - janvier 2013).
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