L'élargissement des cours en anglais à l'université adopté

Depuis 1994, la loi Toubon limitait l'usage de l'anglais dans l'enseignement et la recherche, au grand dam des professeurs d'université et des chercheurs. Malgré la polémique autour de ce sujet, jeudi 23 mai 2013, les députés ont donné leur feu vert quant à la possibilité de dispenser des cours en anglais dans les universités françaises, l'une des mesures du projet de loi de la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso.
Mis à jour le , publié en mai 2013
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Par Priscilla Gout
bettertogether

La question de l'enseignement en anglais avait été soulevée en 1994, lors du débat autour de la loi Toubon destinée à protéger le patrimoine linguistique français. Celle-ci avait introduit des limites quant à l'utilisation de l'anglais dans l'enseignement et au sein même des entreprises. Cependant, son application a été très relative dans les sociétés à l'heure de la mondialisation et aucune activité de recherche anglophone sur le sol français n'a été condamnée depuis tout ce temps.
Mais le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche, présenté le 20 mars 2013 au Conseil des ministres a relancé la polémique, l'Académie Française ayant immédiatement réclamé le retrait de la mesure permettant l'élargissement des cours en anglais dans l'enseignement et la recherche. Sans succès puisque l'Assemblée vient d'adopter un "élargissement encadré".

L'intérêt de favoriser l'anglais
Malgré la loi Toubon, l'anglais n'a cessé de progresser dans les activités des chercheurs français et chez les jeunes générations. 81% des directeurs de laboratoire ont constaté la progression de l'anglais comme langue dominante de leur spécialité depuis 20 ans. De plus, un professeur sur quatre aurait déjà dispensé des cours dans cette langue selon une enquête de l'Ined (l'Institut national d'études démographiques). 
Pour François Héran, directeur de recherche à l'Institut (interviewé par le journal Challenges), les cours en anglais à la fac se justifient, en témoigne son enquête menée auprès de 10.000 chercheurs et universitaires : sur la question de la langue la plus utilisée dans leur domaine, 83% ont en effet répondu l'anglais. "42% répondent même qu'il n'y a plus que cette langue qui soit utilisée" note-t-il. 

Stop à l'hypocrisie
François Héran note tout de même que "toutes disciplines et tous statuts réunis, 42% des chercheurs se sentent limités dans le maniement de l'anglais". Cependant, si tous les enseignants n'ont pas le niveau requis, tous semblent prêts à fournir des efforts et expriment la volonté de bénéficier de plus de leçons d'anglais. En effet, "77 % jugent qu'il est devenu d'usage si courant dans la recherche que le choix de la langue ne se pose plus".
Les députés l'ont bien compris : jeudi 23 mai 2013, l'élargissement des cours en langue étrangère dans l'enseignement supérieur, principalement en anglais, a été adopté à l'Assemblée Nationale, alors que la loi Toubon n'avait prévu que des dérogations au monopole des cours en français, pour les étudiants et professeurs étrangers ou les programmes d'enseignement à caractère international. Des prérogatives qui n'ont été finalement pas été respecté pendant 20 ans.
Le débat apparaît donc comme "une formidable hypocrisie" dénoncée par Geneviève Fioraso. Mais de là à ce que, comme la ministre l'a avancé, les cours dans la langue de Shakespeare soit un élément d'attractivité pour les étudiants étrangers, c'est peut-être un peu exagéré...

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