Inégalités femmes-hommes : quel état des lieux pour la formation continue ?

Bien que les inégalités de genre sur le marché du travail soient régulièrement mises en lumière et légitiment médiatisées, les inégalités d'accès à la formation représentent également un enjeu majeur qui méritent une attention soutenue. En cette journée internationale des droits des femmes, MaFormation propose un bilan détaillé de la situation.
Afin de dresser un état des lieux exhaustif des disparités entre les femmes et les hommes dans l'accès à la formation, il est important de se baser sur des données factuelles. La dernière enquête significative à ce sujet, intitulée “La formation professionnelle continue – Une autre facette des inégalités femmes-hommes", a été publiée le 28 juillet 2020 par la Dares, mais tout laisse à penser qu'elle est encore d'actualité.
Pour réaliser cette étude, la Dares s'est appuyée sur l'enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) réalisée par l'Insee en 2014-2015, laquelle portait sur 27 000 personnes vivant en France métropolitaine âgées de 18 à 65 ans.
Un taux de formation inférieur à celui des hommes dans (presque) tous les secteurs d'activité
C'est le premier constat de l'étude : les femmes sont moins nombreuses à se former, une tendance observable dans tous les domaines d'activité, à l'exception du secteur de l'immobilier où elles devancent leurs collègues masculins. Cette différence entre les genres peut paraître minime au premier abord (61% pour les hommes et 59% pour les femmes), ce qui pourrait donner l'impression d'une relative égalité d'accès à la formation.
En examinant les chiffres de plus près, cela peut s'expliquer par le fait que les secteurs où les femmes sont surreprésentées, tels que le secrétariat ou l'administration, sont reconnus pour offrir un accès facilité à des opportunités de formation continue. Dans des domaines comme la santé, où la présence féminine est particulièrement élevée et où il est crucial de mettre à jour régulièrement ses connaissances et compétences, ces actions de formation peuvent même être obligatoires.
Sans surprise, les inégalités de genre se creusent lorsqu'on a affaire à des univers réputés masculins tels que l'industrie (67% d'hommes contre 51% de femmes) ou l'agriculture (57% d'hommes contre 34% de femmes).
Les femmes se forment moins longtemps que leurs homologues masculins
Non seulement les femmes se forment moins que les hommes, mais lorsqu'elles le font, la durée de leur formation est généralement plus courte : 40% des hommes ont suivi une session de formation de 18 heures ou plus, soit un minimum de 3 jours, contre seulement 32% des femmes.
Un phénomène auquel échappent les femmes célibataires qui participent plus régulièrement à des formations de longue durée que les hommes. Cette tendance n'est pas observée chez les hommes seuls. Une explication plausible pourrait être une disponibilité accrue des femmes en raison d'une diminution des charges domestiques. Ces dernières sont loin d'être équitables puisque l'Observatoire des Inégalités constate que les femmes passent 1h26 de plus par jour aux tâches domestiques que les hommes.
La maternité, un frein à la formation professionnelle continue
L'étude constate également que "la période qui suit la naissance est peu propice aux formations". Deux ans après une naissance, seules 16% des mères ont suivi au moins une action de formation d'au moins 18 heures, contre 21% des pères. Un écart qui tend à se creuser lorsque les femmes suspendent leur activité professionnelle pour un congé parental.
Le temps dédié aux soins de l'enfant, en plus des tâches domestiques pendant cette période, semble donc être un obstacle majeur à la montée en compétences des salariées. Une inégalité qui pourrait diminuer grâce à une évolution progressive des mentalités susceptible de se traduire par des décisions politiques, telles que l'allongement de la durée du congé paternité à 28 jours depuis le 1er juillet 2021.
Une inégalité qui s'accentue pour les femmes les moins diplômées
Moins le niveau d'études est élevé moins on a tendance à se former, une tendance qui s'accentue lorsque l'on est une femme. L'enquête révèle que les femmes non titulaires du bac ou titulaires d'un bac professionnel, suivent moins de formations que leurs collègues masculins. En revanche, les femmes ayant obtenu un diplôme de niveau bac+2 se forment davantage que les hommes, ce qui indique une corrélation positive entre le niveau d'éducation des femmes et leur propension à participer à des actions de formation.
Une motivation freinée par certains obstacles
Ce qui ressort également de l'étude, c'est que les femmes sont plus enclines à exprimer leur volonté de se former pour progresser dans leur carrière. Toutefois, les deux sexes font mention d'obstacles susceptibles de freiner leur évolution professionnelle : le manque de temps, des horaires inadaptés, la distance ou des problèmes de santé sont parmi les facteurs les plus couramment cités par les répondants.
La prochaine étude de la Dares devrait nous permettre d'évaluer les avancées en matière d'inclusion dans le domaine de la formation continue. Il est probable, par exemple, que le développement de la formation en ligne au cours de ces dernières années ait pu contribuer à atténuer certains de ces obstacles et à promouvoir une plus grande accessibilité à la formation pour tous.
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