5 idées reçues sur le secteur de l'artisanat

Chaque secteur d'activité fait l'objet de préjugés ayant des conséquences directes sur son attractivité, parfois au point de dissuader des talents potentiels de s'y engager. Quels sont les clichés qu'on entend encore trop souvent concernant les métiers de l'artisanat ? On démystifie 5 idées préconçues !
1. L'artisanat offre peu de débouchés professionnels
L'artisanat, une voie de garage, vraiment ? L'idée reçue selon laquelle l'artisanat appartiendrait au passé, est elle-même dépassé. Premier employeur de France, le secteur de l'artisanat regroupe aujourd'hui plus de 3 millions de professionnels à travers 250 métiers répartis en 4 grandes familles : alimentaire, bâtiment, production, services.
Couvreur, carrossier, tuyauteur, soudeur, jardinier.... De nombreux métiers de l'artisanat figurent parmi les professions qui recrutent le plus en France, selon les dernières enquêtes BMO (Besoin en Main-d'Oeuvre) de France Travail. Les formations menant à ces métiers intègrent souvent des périodes d'immersion en entreprise (stage ou alternance), ce qui permet aux jeunes diplômés ou aux adultes en reconversion de développer des compétences pratiques qui favoriseront leur insertion professionnelle.
Les opportunités d'embauche sont donc au beau fixe dans ce domaine, soutenu par de nouveaux défis tels que la transition écologique, l'innovation technologique et l'évolution des attentes des consommateurs, qui privilégient de plus en plus des produits et des services durables, locaux et responsables.
Par ailleurs, la possibilité de créer son propre emploi, via l'entrepreneuriat est également une chance pour les artisans souhaitant quitter le salariat pour prendre leur indépendance.
2. Il s'agit d'une filière réservée aux hommes
La loi interdit évidemment toute discrimination basée sur le genre, mais ce manque de parité n'est pas nécessairement imputable aux employeurs. Le secteur de l'artisanat est encore trop souvent perçu et représenté comme un milieu masculin, où la force physique et la virilité sont valorisées.
Rien d'étonnant, dans ce contexte, que les candidates ne se bousculent pas au portillon. De nombreuses femmes potentiellement intéressées par ces carrières ont intériorisé ces stéréotypes, allant jusqu'à penser qu'elles n'étaient pas faites pour ces métiers. Résultat ? Les hommes y demeurent largement majoritaires, en particulier dans le bâtiment.
Toutefois, les mentalités évoluent progressivement et on observe une féminisation croissante du secteur, avec 30% de femmes à la tête d'entreprises artisanales, selon la Chambre des Métiers et de l'Artisanat. Cette tendance devrait se renforcer dans les années à venir, grâce à l'émergence de modèles inspirants et la mise en place de programmes de soutien et de mentorat qui encouragent de plus en plus de femmes à envisager une carrière dans l'artisanat, et pour certaines, à oser se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.
3. Les compétences techniques priment sur le reste
Les compétences techniques sont bien sûr essentielles. En tant que coiffeur, par exemple, vos clients risquent de faire une drôle de tête en voyant la leur si vous ratez leur coupe. Un artisan digne de confiance doit offrir un service fiable et être capable de résoudre rapidement un problème plutôt que de l'aggraver !
Toutefois, on a souvent tendance à mettre uniquement en avant l'aspect technique de ces métiers, tout en négligeant les compétences relationnelles, pourtant essentielles à la réussite dans ce secteur. Des qualités humaines, telles qu'une bonne capacité d'écoute et un sens aigu de la communication s'avèrent indispensables pour identifier les besoins et les attentes des clients. Avoir la fibre commerciale est également un vrai plus pour instaurer une relation de confiance avec la clientèle et la fidéliser.
Il est aussi recommandé de savoir travailler en équipe car, contrairement à une autre idée reçue, l'artisan exerce rarement en solitaire. En réalité, de nombreux projets impliquent une collaboration étroite avec d'autres professionnels, que ce soit sur un chantier, dans un atelier ou lors de prestations spécialisées.
4. Les salaires ne sont pas attractifs
Cette idée reçue mérite d'être nuancée. Il convient tout d'abord de rappeler que des facteurs tels que le métier pratiqué, la région d'exercice, la taille de l'entreprise, le statut, ainsi que l'ancienneté, peuvent avoir un impact significatif sur la rémunération de l'artisan. En début de carrière, les salaires peuvent effectivement être modestes, relativement proches du SMIC, mais les revenus augmentent avec l'expérience et la spécialisation.
Les artisans dotés d'une réelle expertise et capables d'offrir des services complémentaires peuvent espérer une rémunération plus élevée, tout comme les autoentrepreneurs, qui bénéficient de la liberté de fixer leurs propres tarifs en fonction de la demande et de la qualité de leurs prestations.
Pour vous rendre compte de l'ampleur des disparités salariales dans ce secteur, il suffit de consulter différentes fiches métiers pour une même profession. Par exemple, pour le poste de plombier, vous constaterez que les revenus peuvent varier entre 1 800 et 5 000 euros brut par mois, selon les critères évoqués !
5. Les perspectives d'évolution sont limitées
Les carrières sont loin d'être figées dans le secteur de l'artisanat.
Plusieurs possibilités s'offrent à vous pour évoluer professionnellement :
- se spécialiser et développer une expertise : grâce à des formations complémentaires, un artisan peut approfondir ses compétences existantes ou en acquérir de nouvelles pour élargir son champ d'action et attirer de nouveaux clients. Par exemple, un plombier peut se spécialiser en chauffage et devenir plombier-chauffagiste, ce qui lui permet de multiplier ses interventions, d'élargir son portefeuille client et d'augmenter ses revenus.
- manager une équipe : après avoir fait ses preuves sur le terrain, un artisan peut évoluer vers une fonction managériale. Il se retrouve alors à la tête d'une équipe et supervise son travail au quotidien.
- se lancer à son compte : la création d'entreprise est courante dans ce domaine et constitue une voie d'évolution logique pour de nombreux artisans souhaitant organiser leur travail à leur rythme, sans rendre de comptes à un supérieur hiérarchique.
Je me forme au métier de l'artisanat
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