Comment devenir architecte

Concevoir des espaces de vie, transformer des idées en bâtiments concrets : l'architecte allie créativité artistique et rigueur technique pour donner forme à nos villes et nos habitats.

Quel est le rôle d'un architecte ?

L'architecte conçoit et supervise la construction de bâtiments en orchestrant chaque phase d'un projet, depuis l'esquisse initiale jusqu'à la réception des travaux, tout en coordonnant l'intervention de multiples corps de métiers sur le chantier.

Ses missions principales :

• Réaliser l'étude de faisabilité du terrain et analyser les contraintes techniques, réglementaires et budgétaires du projet
• Concevoir les plans architecturaux en créant des esquisses, des avant-projets et des plans d'exécution détaillés à l'aide de logiciels de CAO
• Élaborer le dossier de permis de construire et constituer l'ensemble des pièces administratives nécessaires
• Rédiger le cahier des charges précisant les spécifications techniques et les matériaux à utiliser
• Sélectionner les entreprises et coordonner les différents prestataires (plombiers, électriciens, menuisiers, maçons)
• Assurer la maîtrise d'œuvre en dirigeant le chantier, contrôlant l'avancement des travaux et veillant au respect du planning et du budget
• Gérer les modifications en cours de chantier et adapter les plans en fonction des imprévus techniques
• Garantir la conformité des constructions aux normes en vigueur (thermiques, accessibilité, sécurité)

Quelle formation pour devenir architecte ?

L'exercice du métier d'architecte est strictement encadré et nécessite l'obtention d'un diplôme d'État délivré par une école reconnue. Le parcours est long, exigeant et sélectif, mais il constitue la seule voie d'accès à cette profession réglementée.

Bac +5 :

• Diplôme d'État d'Architecte (DEA) délivré par les 20 Écoles Nationales Supérieures d'Architecture (ENSA) réparties sur le territoire français
• Diplôme d'architecte de l'École Spéciale d'Architecture (ESA) à Paris
• Diplôme d'architecte de l'INSA Strasbourg (Institut National des Sciences Appliquées)

Bac +6 et spécialisations :

• Habilitation à la Maîtrise d'Œuvre en son Nom Propre (HMONP) : indispensable pour s'inscrire à l'Ordre des Architectes et exercer en tant qu'architecte libéral

• Diplôme Propre aux Écoles d'Architecture (DPEA) : design, architecture navale, scénographie
• Diplôme de Spécialisation et d'Approfondissement en Architecture (DSA) : patrimoine, projet urbain, maîtrise d'ouvrage, risques majeurs

La sélection pour intégrer une école d'architecture est très compétitive. L'admission se fait sur dossier, entretien oral et parfois tests écrits. Les candidats issus de filières scientifiques ou ayant suivi des spécialités en mathématiques et physique-chimie au lycée sont généralement mieux préparés aux exigences du cursus.

Avant de vous engager, prenez le temps d'étudier attentivement les programmes pédagogiques proposés par les différentes écoles. Comparez leur approche (certaines privilégient l'aspect artistique, d'autres l'ingénierie), consultez les avis d'anciens étudiants et participez aux journées portes ouvertes.

Renseignez-vous également sur les partenariats internationaux, les possibilités d'alternance et les liens avec les agences d'architecture. N'hésitez pas à contacter directement les écoles pour obtenir des informations précises sur les modalités d'admission et les débouchés.

Quelles sont les qualités requises pour devenir architecte ?

La pratique de l'architecture repose sur un équilibre subtil entre sensibilité créative et rigueur technique, nécessitant des compétences aussi bien artistiques que scientifiques et relationnelles.

Les qualités humaines indispensables

L'architecte doit posséder une créativité et une sensibilité artistique développées pour imaginer des espaces innovants et esthétiques tout en répondant aux contraintes fonctionnelles. Par exemple, il doit savoir transformer une parcelle difficile en un projet architectural harmonieux.

La rigueur et la précision sont essentielles dans toutes les phases du projet, de la conception des plans millimétrés à la gestion administrative du permis de construire.

L'aisance relationnelle et les capacités de négociation permettent de dialoguer efficacement avec des interlocuteurs variés : clients exigeants, ingénieurs, artisans, élus locaux et services d'urbanisme.

La gestion du stress et une bonne résistance physique sont nécessaires pour gérer plusieurs projets simultanément, respecter des délais serrés et effectuer de fréquentes visites de chantier parfois éprouvantes.

Enfin, la réactivité et la capacité d'adaptation sont indispensables pour résoudre les imprévus de chantier et ajuster rapidement les plans en fonction des contraintes rencontrées.

Les compétences techniques incontournables

• Maîtrise des logiciels de CAO/DAO (AutoCAD, Revit, ArchiCAD, SketchUp) pour la conception et la modélisation 3D
• Connaissance approfondie des normes et réglementations : urbanisme, thermique (RE2020), accessibilité (PMR), sécurité incendie
• Compétences en calcul de structures et notions de résistance des matériaux pour concevoir des bâtiments solides et pérennes

Les compétences techniques complémentaires

• Maîtrise des logiciels de rendu 3D (V-Ray, Lumion, Enscape) pour présenter des visualisations réalistes aux clients
• Connaissances en droit immobilier et en droit de la construction pour sécuriser juridiquement les projets
• Notions de gestion de projet et de budgétisation pour piloter efficacement les opérations de construction

Quel est le salaire d'un architecte ?

• En début de carrière, un architecte débutant perçoit entre 26 000 et 31 000 euros brut par an, soit un salaire mensuel net compris entre 1 720 à et 2 050 euros.
• À partir de 5 ans d'expérience, la rémunération évolue et se situe généralement entre 35 000 et 40 000 euros brut par an, ce qui correspond à un salaire mensuel net de 2 320 à 2 650 euros.

La rémunération d'un architecte varie considérablement selon plusieurs facteurs. Le statut professionnel joue un rôle déterminant : un architecte salarié en agence perçoit généralement un salaire fixe mensuel, tandis qu'un architecte libéral facture ses honoraires sous forme de pourcentage du coût total des travaux (entre 7 et 15 % selon la complexité du projet).

Le type de structure influence également la rémunération. Les grandes agences d'architecture situées dans les métropoles offrent des salaires plus élevés que les petites structures, mais les architectes indépendants peuvent prétendre à des revenus supérieurs une fois leur clientèle établie. Dans la fonction publique territoriale ou d'État, les architectes bénéficient d'une grille indiciaire spécifique avec une progression régulière.

La localisation géographique impacte fortement les rémunérations : les architectes exerçant en Île-de-France gagnent en moyenne 20 à 30 % de plus que leurs homologues en province. Enfin, la spécialisation peut accroître les revenus, notamment dans les domaines du patrimoine historique, de l'architecture d'intérieur haut de gamme ou des projets commerciaux d'envergure.

Les perspectives d'évolution pour votre carrière

La profession d'architecte offre de nombreuses possibilités d'évolution, tant sur le plan hiérarchique que dans la diversification des compétences.

• Chef de projet : coordination d'équipes sur des opérations d'envergure
• Directeur d'agence ou associé : gestion globale d'une structure et développement commercial
• Architecte en chef des Monuments Historiques : après concours et plusieurs années d'expérience

• Architecte d'intérieur : spécialisation dans l'aménagement et la décoration d'espaces
• Architecte urbaniste : conception de quartiers et planification urbaine
• Architecte paysagiste : création d'espaces extérieurs et d'aménagements paysagers
• Médiateur architectural : interface entre citoyens, élus et professionnels de l'urbanisme
• Expert judiciaire auprès des tribunaux pour les contentieux en construction

Après quelques années d'expérience en agence, de nombreux architectes font le choix de créer leur propre cabinet. L'HMONP facilite cette transition en permettant la signature de permis de construire et l'inscription à l'Ordre des Architectes.

Les architectes expérimentés peuvent transmettre leur savoir en devenant enseignants dans les ENSA ou en participant à des programmes de recherche en architecture et urbanisme.

Votre futur environnement de travail

L'architecte exerce principalement au sein d'agences d'architecture de tailles variées, allant des structures indépendantes de quelques personnes aux grands cabinets internationaux employant plusieurs dizaines de collaborateurs. Il peut également intégrer le bureau d'études d'entreprises du BTP, de promoteurs immobiliers ou de sociétés d'aménagement. Dans la fonction publique, les architectes sont recherchés par les services d'urbanisme des collectivités territoriales, les directions départementales des territoires ou encore les services des Monuments Historiques.

Au quotidien, l'architecte collabore étroitement avec de nombreux professionnels : ingénieurs structures et bureaux d'études techniques (fluides, thermique), économistes de la construction, conducteurs de travaux, artisans et entreprises du bâtiment. Il est également en relation régulière avec ses clients (particuliers, entreprises, collectivités) et les services instructeurs des permis de construire.

Le métier combine travail de bureau pour la conception des plans et la gestion administrative, et présence sur le terrain lors des visites de chantier pour contrôler l'avancement des travaux. La fréquence des déplacements varie selon les projets : certains architectes se rendent quotidiennement sur les chantiers, d'autres plusieurs fois par semaine.

Les horaires sont généralement de bureau, mais peuvent s'étendre en période de rendu de projets ou lors de phases critiques de chantier. Une certaine flexibilité géographique peut être nécessaire selon les opportunités professionnelles, notamment en début de carrière.

Sous quel statut exercer le métier d'architecte ?

Le métier d'architecte offre une grande flexibilité dans le choix du statut professionnel, chacun présentant ses spécificités et ses implications juridiques.

Architecte libéral

C'est le statut classique pour exercer en toute indépendance. L'inscription à l'Ordre des Architectes est obligatoire, ce qui nécessite d'obtenir l'HMONP. Vous exercez alors dans le cadre d'une profession réglementée et pouvez signer des permis de construire. Les structures juridiques les plus courantes sont l'entreprise individuelle, la SELARL (Société d'Exercice Libéral à Responsabilité Limitée) ou la SELAS (Société d'Exercice Libéral par Actions Simplifiée). Ce statut offre une totale autonomie dans le choix des clients et des projets, mais implique de gérer l'ensemble des aspects administratifs, comptables et commerciaux de l'activité.

Architecte freelance

Ce statut convient aux architectes qui souhaitent réaliser des missions ponctuelles en sous-traitance pour des agences, sans nécessairement s'inscrire à l'Ordre. Le régime de la micro-entreprise (auto-entrepreneur) est souvent privilégié pour sa simplicité administrative, bien qu'il présente des plafonds de chiffre d'affaires. L'architecte freelance ne peut cependant pas signer de permis de construire au-dessus de 170 m².

Architecte salarié

Vous exercez au sein d'une agence d'architecture, d'un bureau d'études ou dans la fonction publique en CDD ou CDI. Ce statut offre une stabilité financière, la protection sociale d'un salarié et l'absence de préoccupations liées à la gestion d'entreprise. En revanche, l'autonomie est moindre et les revenus plafonnent généralement plus rapidement qu'en libéral.

Quelles sont les démarches pour s'installer en libéral ?

• Obtenir l'HMONP
• S'inscrire à l'Ordre des Architectes de votre région
• Choisir votre structure juridique
• Souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle obligatoire
• Souscrire une assurance décennale couvrant les dommages pouvant affecter la solidité de l'ouvrage
• Immatriculer votre activité auprès de l'URSSAF et du greffe du tribunal de commerce.

©Halfpoint - stock.adobe.com