La mobilité des jeunes encore insuffisante

Seulement 2% des Français âgés de 15 à 29 ans bénéficient des programmes pour voyager à l'étranger. Ils sont pourtant nombreux et permettent de développer des aptitudes non-négligeables sur le marché du travail.
Mis à jour le , publié en novembre 2011
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Par Flavien Chantrel
On aurait pu croire avec le succès du film l'Auberge espagnole, les jeunes Français plus baroudeurs. Pourtant, sur les quelque 11 300 000 jeunes de 15 à 29 ans vivant en France, à peine 2% d'entre eux ont bénéficié de dispositifs de mobilité, selon une étude publiée jeudi par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Des réticences culturelles ou encore des attachements à son "appartenance territoriale" expliquent cette faible mobilité, selon le CESE. Ainsi, dans l'Hexagone, 33% des étudiants retournent dans leur région d'origine suite à leur première embauche. Surtout, les difficultés à la mobilité "sont fortement corrélées aux inégalités sociales et territoriales", constate le CESE. Des blocages qui méritent d'être levés alors que la mobilité géographique, à l'échelle française ou extra-territoriale, est une clé pour l'avenir des jeunes. Selon le CESE, un jeune ayant changé de région entre la 6ème et la fin de ces études a "38% de probabilité de plus de trouver un emploi qu'un jeune qui n'a pas été mobile". Moins surprenant, l'adaptabilité à un travail est aussi liée à une plus grande mobilité. Plus une personne est partie loin, plus elle fait preuve de souplesse et trouve facilement du travail... 

Développer la mobilité
Pour encourager la mobilité, le CESE fait plusieurs propositions. Première piste envisagée : "le développement d'un apprentissage de la mobilité par la relance des classe de découverte et le développement des séjours à l'étranger". Ensuite, à l'échelle nationale, le rapport préconise une "politique globale de logement pour les jeunes" et de développer de "bonnes pratiques régionales en matière de moyens de transport" ainsi que des aides à l'obtention du permis de conduire.
Pour favoriser la mobilité internationale, les rapporteurs fixent un "objectif de 10% de l'ensemble des jeunes ayant effectué une mobilité à l'étranger au cours de leur parcours de formation " et une "meilleure sécurisation de la mobilité européenne et internationale".

Voyager, étudier, apprendre à l'étranger
Les dispositifs européens d'aide à la mobilité sont légion, certains connus d'autres moins. Ils s'adressent à tous types de profils : étudiants, apprentis et même salariés.
Erasmus. Seulement 2% des étudiants en ont bénéficié dont 40% venant d'écoles d'ingénieurs contre 8% de l'Enseignement supérieur. Là encore, le milieu familial joue : "l'étudiant type qui bénéfice d'Erasmus est jeune, a obtenu un Bac avec mention et il a souvent voyagé avant ses études supérieures", souligne le CESE. Quels freins ? Les frais d'inscription à l'étranger ajoutés à ceux en France ainsi que des problèmes administratifs ne facilitent pas la mobilité en Erasmus. Le CESE suggère notamment d'augmenter le budget Erasmus.
Leonardo. Il s'adresse aux apprentis souhaitant voyager en cours de formation ou à l'issue de cette dernière. Seulement 1% des jeunes européens en profitent, soit en France moins de 2% des jeunes. Les difficultés concernent la nécessité d'obtenir une autorisation de l'employeur, la gestion de la mobilité dans un cadre de formation en alternance. Pour les lever, le CESE suggère de favoriser des démarches collectives dans la gestion de la mobilité des apprentis ou encore de labelliser les entreprises engagées.
Comenius. Il permet des échanges entre les établissements scolaires européens, de la maternelle au lycée. Premier frein : les difficultés en langues étrangères. Le CESE souhaite que ce programme soit mieux valorisé.
Jeunesse en action. Créé par la Commission européenne, pour la période 2007-2013, ce programme a été conçu pour renforcer la citoyenneté européenne. Il est ouvert à tous les jeunes de 13 à 30 ans. Il se décompose en 5 programmes différents. 7 000 Français sont partis à l'étranger via "Jeunesse en action". Pour optimiser ce programme, le CESE souhaite qu'il soit notamment orienté vers les jeunes ayant quitté leur formation tôt.
VIE/VIA. Le volontariat international en entreprise et le volontariat en administration sont des programmes permettant de partir à l'étranger avec un emploi à la clé. Le premier permet d'intégrer une entreprise, le second une administration. En 2011, près de 7 000 jeunes sont partis en VIE. Pour l'améliorer, le CESE recommande d'augmenter le nombre de VIE et le rendre plus accessible aux jeunes moins diplômés.
 

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