Reconversion : d'entraîneur sportif à développeur web, le témoignage d'Adrien

Épris de handball depuis l’enfance, Adrien en a tout de suite fait son métier. Après s’être longtemps investi en tant qu’entraîneur, il s’est finalement réorienté vers le développement web : zoom sur un vrai changement de vie !
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Par Amanda Berouard

Passer d'un métier passion à un secteur où l'on a quasiment aucune notion de base : en termes de reconversion, tous les parcours sont possibles ! Suivons celui d'Adrien, qui a soigneusement réfléchi à son évolution et aux critères d'épanouissement indispensables selon lui.

Quel est votre parcours de formation initiale ?

Depuis le CE1 le handball est une passion pour moi, et dès la classe de 3e je savais que je voulais aller vers un métier dans le secteur du sport, plus particulièrement du hand. J’ai fait une seconde générale classique, sans avoir de super notes : on m’a alors proposé soit un redoublement, soit d'aller en technique. Sachant que moi je voulais absolument aller en fac de sport depuis le début, plutôt que de perdre un an en redoublant, je suis allé sur un bac STG (Sciences et Technologies de la Gestion, aujourd'hui remplacé par le bac STMG : Série Sciences et Technologies du Management et de la Gestion).

Je suis donc allé ensuite en fac de sport, puis directement après sur un brevet professionnel : le BPJEPS, un diplôme qui permet d’exercer un emploi d’animation auprès du public. Je voulais absolument me spécialiser dans le hand, je voulais être entraîneur et je visais un métier sur le long terme. Mais c'était compliqué encore à ce moment-là : c'était vraiment l'émergence au niveau du handball, en tout cas concernant les éducateurs salariés. Et avoir un temps plein dans un seul club, c'était pas donné à tout le monde ! A ce moment je vivais en couple, sans enfants : donc les horaires atypiques, travailler le week-end, c’était gérable et je me suis impliqué à fond.

Quelles compétences avez-vous développées en tant qu'entraîneur sportif ?

Quand j’ai commencé comme éducateur sportif, avoir un 35 heures c'était vraiment compliqué donc j'ai appris à m'adapter. Les clubs faisaient beaucoup de mise à disposition de leurs salariés : quand le club n'était pas assez développé, ils n'avaient pas forcément de ressources pour proposer un temps complet directement. Alors ils proposaient un nombre d'heures : j'ai commencé avec 22h au début, et j'ai trouvé 8 heures sur un autre club.

Le but était de pouvoir intervenir un peu tous les jours pour accumuler des heures. Sur ces heures, j'avais aussi du multisport, surtout pour des enfants sur les temps périscolaires. Ça allait des maternelles au CM2, sur des activités variées. J’alternais les jeux et je les adaptais à l’âge, il y avait des jeux de ballons, de raquettes, de l'athlétisme, des sports de contact, etc. On trouve toujours des astuces, des accessoires pour que les jeunes s’amusent, et que ça ne soit pas dangereux !

Forcément les enfants ne réagissent pas de la même manière selon leur âge, et s'occuper d'enfants de 4-5 ans n'est pas la même chose qu’avec des 12-13 ans au collège ou de futurs jeunes adultes de 16-17 ans. Avec les plus âgés il y a davantage d’échanges d’égal à égal, car ils comprennent ce qu'on cherche, ils comprennent pourquoi ils sont là et ils commencent à avoir un sens de l'humour qui marche avec des adultes. Mais je me suis toujours adapté à toutes les mentalités, jusqu’à ce que j’entame mon changement d’activité en 2020.

Qu’est-ce qui vous a motivé à changer de voie ?

En fait, mon but dès le début était d'avoir un CDI et travailler dans un seul club. Je voulais être entraîneur de hand, sans faire obligatoirement de multisport à côté, même si ça m'a aidé au début pour faire mes heures mais ce n’est pas ce que j'imaginais. Il faut savoir qu’être entraîneur de hand, ça ne se résume pas aux heures consacrées à l'entraînement : il y a aussi le développement du club, les séances organisées avec des plus petits, des écoles, des collèges, et il y a le côté événementiel. Normalement, un entraîneur de hand touche un peu à tout.

C’est un métier passion qui a ses avantages, on n'a pas forcément l'impression d'avoir un vrai travail entre guillemets, on ne compte pas nos heures. On peut passer nos samedi après-midi à regarder des matchs de hand pour savoir ce qu'on va travailler la semaine à l'entraînement. Qu'est-ce qui va, qu'est-ce qui ne va pas, accompagner en coaching des groupes, former des jeunes entraîneurs, regarder les jeunes arbitres… On est toujours en mouvement. Mais il y a quand même énormément d'inconvénients, dont la rémunération qui est compliquée. La majorité des clubs n'ont pas d'argent pour payer plus, ils s’alignent sur le minimum légal côté salaires. Moi je suis parti au départ d'un 29h avec du multisport en CDD sur deux clubs, pour finir avec mon 35h en CDI, mais au bout d’environ 8 ans.

Ca a donc été très long, et une fois cet objectif atteint finalement mon idée de reconversion était déjà en cours. Parce qu’au fur et à mesure, tu sais qu'en fait tu ne pourras pas faire ça toute ta vie. Déjà parce que physiquement, c'est quand même costaud : pour les séances il faut être tout le temps dynamique, réfléchir, il y a une certaine organisation. On est debout en permanence, sur des mercredis après-midi on peut travailler de 14h à 20h et c'est 6h de travail debout à enchaîner les séances. C’est un entraînement qui se termine, un autre qui s'enchaîne, et ça jusqu'à 20 heures en essayant d’âtre aussi alerte sur la première séance que sur la dernière.

C'est compliqué au bout d'un moment, il y en a qui le font et chapeau à eux, mais à mon avis il y a pas mal de sacrifices à faire à côté. Et moi, a un moment donné je me suis dit que je n'étais plus prêt à les faire. Tout ça m’a permis de me fixer des critères pour chercher une nouvelle voie professionnelle.

Pourquoi avoir choisi le développement web pour vous reconvertir ?

Clairement à ce moment, je voulais passer du métier passion au métier stable. Pour moi, il y avait plusieurs choses : déjà économiquement, je devais m'y retrouver. Je cherchais également des horaires classiques, du lundi au vendredi, car quand le premier enfant est arrivé notre ancienne organisation est devenue difficile à tenir ! Et la troisième chose, c'était de ne pas avoir d'études longues à faire, pour enchaîner sur une formation professionnelle certifiante qui puisse me permettre de mettre un pied dans l'entreprise très rapidement.

Je partais de zéro dans le développement web, je n’avais pas de notions particulières. J’ai trouvé ce métier qui répondait à mes critères et pouvait me plaire, et pour tester le développement web, j’ai commencé en autodidacte à la maison. J’ai utilisé OpenClassrooms, c’était le site pour apprendre gratuitement ou avec une version premium, et m’imprégner des bases du développement web sur du HTML et CSS. Ca m’a plu rapidement, et un bilan de compétences m’a permis ensuite de conforter ce choix .

Comment le bilan de compétences vous a-t-il aidé dans votre démarche ?

J'avais déjà commencé à réfléchir de mon côté : j'ai arrêté mon activité d’entraîneur en août 2020, après le premier confinement de la période Covid. Mais en fait dès septembre 2019, j’avais signalé que ce serait ma dernière saison et j’ai commencé mon bilan de compétences début 2020.

Je suis donc allé au bilan de compétence avec mon idée en tête concernant le développement web, mais décidé à rester ouvert si je découvrais autre chose grâce à ce bilan. En fait pour moi, c’est drôle mais je pense qu'on a presque toutes les réponses dès le début. Parce qu’avant de te lancer dans un bilan de compétences, si tu es assez factuel, que tu as des critères, ton projet, que tu regardes si ça match bien… Tu sais où tu vas. Mais c'est une décision tellement importante à prendre, que discuter avec quelqu'un qui te pose les bonnes questions, qui te fait te remettre en cause sur d’autres choses, pendant un certain temps… Ce bilan m’a apporté cette validation très rapidement, grâce au fait d’être tombé sur la bonne personne aussi sans doute.

J’ai donc pu prendre le temps de chercher quelle formation je voulais faire, pour la commencer en septembre une fois ma saison de hand terminée.

Quelle formation continue avez-vous suivie ?

En tant que développeur web, il est possible de commencer en autodidacte, mais il te faut des projets pour prouver ensuite aux entreprises que tu as un certain niveau, que tu sais faire des choses. Sauf que moi, je n'étais pas à ce niveau-là du tout, donc j'ai commencé une formation continue.

C'était à Digital Campus en DWM (Développement Web et web Mobile), une équivalence de Bac plus 2. Je l'ai payée de ma poche parce que je voulais faire L’ENI, l’école informatique de Rennes, mais il y avait un an et demi d'attente avec ma session pour pouvoir bénéficier des aides de la région en tant que demandeur d’emploi. Sauf que je ne me voyais absolument pas attendre plus d'un an à travailler tout seul, à essayer d'apprendre pour trouver un boulot après.

Donc j'ai pris un prêt pour aller à Digital Campus. On devait finir par un stage de deux mois, et c'était très dur de trouver. C’est au final ma belle-sœur qui m'a aidé à trouver via ses contacts, et j’ai pu aller en agence web à Rennes pendant ces deux mois. Ensuite j’ai pu entrer en formation à l’ENI comme prévu initialement, en CDA (Concepteur / Développeur d'Applications), avec une alternance chez Hellowork.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées pendant votre reconversion ?

Tout dépend de quel point de vue on se place : pour moi le fait d’avoir une multitude de choix puisque je cherchais quelques chose sans lien avec mon ancien métier, je l’ai vu comme un avantage, une opportunité. L’inconvénient, c’est que je repartais de zéro.

Pour mettre en évidence mes critères j'avais réfléchi tout seul déjà dans un premier temps, je m'étais fait une sorte de projet dans ma tête. J’ai été sur Google, j'ai tapé « métier d'avenir ». Et j’ai regardé et trié ce qui existait à ce moment-là et qui correspondaient à mes trois objectifs : économique, organisationnel et avec une durée de formation courte.

Quelles sont vos plus grandes satisfactions dans votre métier actuel ?

Ce que j'aime bien dans le côté dév, c'est le fait de pouvoir produire assez rapidement et de voir ce que je fais, avoir les résultats assez rapidement. Ça, c'est quelque chose de satisfaisant.

Une autre satisfaction : je travaille avec des personnes qui tirent toutes dans le même sens. Quand on est dans le monde associatif, comme je l’étais dans le milieu du handball, on a des bénévoles qui tirent avec nous aussi dans le même sens, mais qui sont bénévoles. Et on ne peut pas leur faire suivre nos idées à un rythme imposé pendant toute l'année, ils ont aussi leur travail à côté et leurs impératifs. Donc les statuts différents, avec les bénévoles, c'est un peu plus compliqué pour s’organiser, il n'y a pas les mêmes ressources. Travailler pour une association sportive et ensuite travailler pour une entreprise de 500 salariés, ce sont des choses complètement différentes et il y a des avantages évidemment dans la conduite de projets.

C’est très récent pour moi ce poste, j’ai eu mon CDI fin 2023, donc je veux continuer à progresser dans ce que je fais déjà, dans mon métier actuel. C'est un point important pour moi, sachant que je pars vraiment de loin. Quand je vois certains de mes collègues actuels qui font ça depuis des années et qui apprennent encore, tellement ça évolue vite, je me dis que je ne suis pas prêt d'atteindre le plafond de verre !

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui veulent se reconvertir dans ce domaine ?

Le temps de réflexion, c’est déjà quelques chose de primordial. Quand je suis parti, j'avais réfléchi pendant déjà quelques temps, j'avais donné ma date de départ presque un an avant, pour valider mon projet.

Ensuite le bilan de compétences, je pense que pour valider ce projet-là c'est important. Moi j'ai eu la chance dès le deuxième organisme où je me suis déplacé pour un bilan, j'ai réussi à trouver la personne qui allait me correspondre. J'avais entendu dire qu’il est conseillé d’en comparer trois pour être sûr de son choix, d’autant plus que le premier rendez-vous de prise de contact est gratuit. J'en ai fait deux, mais le premier s’était mal passé et quand je suis arrivé au deuxième, j'ai échangé avec la personne et assez rapidement j’ai senti un bon feeling, j’ai vu qu’on pourrait travailler ensemble sur mon projet de reconversion.

Le bilan de compétences, c'est quelque chose qui peut vraiment aider pour les personnes qui se posent des questions sur leur changement, sur leur évolution. Quitte parfois même à valider le fait qu'ils doivent finalement rester dans le même secteur, mais changer de métier, ou alors garder le même métier, mais changer d'employeur peut-être. Le but c'est de valider vraiment ce qui serait le mieux pour la personne à ce moment-là, selon ses besoins, ses envies et éviter de faire fausse route. De mon côté, ça a donné encore plus de sens à mon choix de changer d'employeur, de métier, de secteur et de tout recommencer à zéro !

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